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dépréciations, le crédit des compagnies n’en fût très affecté à cause de l’analogie apparente du titre ? Pour l’achèvement du grand réseau, la conséquence serait des plus graves. Tous ces points doivent être examinés avec une sévère attention. Jusqu’à ce que la jurisprudence administrative ou une législation nouvelle les ait réglés d’une manière plus précise, il est indispensable que l’on se renferme dans les conditions établies par la loi de 1865. Le gouvernement a le devoir d’y veiller, et il lui suffit de refuser la déclaration d’utilité publique pour réduire à néant les concessions abusives ; mais il appartient à la commission d’enquête de prendre en main cette question importante et de fixer d’une manière définitive le domaine réservé aux chemins de fer d’intérêt local. Il y a là un grand intérêt pour l’avenir du réseau et pour le crédit public.

La France a, plus que jamais, besoin de développer ses richesses agricoles, industrielles et commerciales, d’améliorer les moyens de transport, d’accroître ses voies ferrées, et cependant son capital est diminué. Quand elle aura payé la guerre, c’est à l’aide du crédit, fondé sur le travail et sur la sagesse, qu’elle devra reconstituer le fonds de ses épargnes. Plus de dix milliards sont engagés dans les chemins de fer ; gardons-nous de les compromettre. Capital et crédit, il faut tout ménager pour échapper à une crise financière qui serait plus que désastreuse dans la situation politique du pays. Les chemins de fer forment aujourd’hui l’élément le plus considérable de la fortune publique. Ce grand intérêt est confié à la commission d’enquête parlementaire, qui appréciera ce qu’il est possible de faire pour perfectionner la circulation intérieure, à quelles conditions, avec quelles ressources, dans quel délai. En pénétrant dans les détails de l’exploitation, elle reconnaîtra les améliorations réalisables et les réformes utiles. Jamais enquête n’aura été plus étendue, plus opportune ni plus vivement désirée.


C. LAVOLLEE.