oclamée vertueuse et pure par excellence, vous semblez faire bon marché de la vertu des autres femmes, au point de demander grâce pour elles ?
Oh ! je vais plus loin que cela. Je fais bon marché de ma propre vertu dans le passé. Je ne sais nullement si, poursuivie et tourmentée par un séducteur habile, j’eusse gardé dans ma jeunesse le calme dont je jouis maintenant.
Dans votre jeunesse ?
Oui, et comme j’ai été très heureuse en ménage et très respectée de tout ce qui m’entourait, je suis très indulgente pour celles qui se trompent dans les chemins embrouillés.
Savez-vous bien, madame, que me voilà tenté de vous prendre pour la véritable coquette que je comptais trouver ici ?
Ah oui-da !
Madame de Louville est une enfant. Beauté, jeunesse, orgueil et témérité, cela est bien connu, bien peu redoutable et bien peu excitant ; mais une femme vraiment forte, habilement humble, généreuse envers les autres, soi-disant vieille, et plus belle que les plus jeunes, tenez, vous aurez beau dire, vous savez bien que tout cela est d’un prix inestimable, et qu’il y aurait une gloire immense…
À l’immoler ?
Non, mais à le conquérir.
Conquérir ! Comment donc ? le mot est charmant ! Est-ce une déclaration que vous me faites ?
Si vous voulez.
Et si je ne veux pas ?
Il est trop tard. Vous l’avez provoquée, et vous n’avez point paré à temps.
Au fait, c’est vrai. Eh bien ! monsieur, vous êtes très aimable, et je vous remercie.
Cela veut dire que vous prenez mes paroles pour un hommage banal ?