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DES FONCTIONS
DU CERVEAU



I.

Le premier soin de la physiologie a été de localiser les fonctions de la vie dans les différens organes du corps qui leur servent d’instrument. C’est ainsi qu’on a rattaché la digestion à l’estomac, la circulation au cœur, la respiration au poumon ; c’est encore de même qu’on a placé le siége de l’intelligence et de la pensée dans le cerveau. Toutefois, relativement à ce dernier organe, on a cru devoir faire des réserves et ne pas admettre que l’expression métaphysique des facultés intellectuelles et morales fût la manifestation pure et simple de la fonction cérébrale. Descartes, qu’il faut mettre au nombre des promoteurs de la physiologie moderne parce qu’il a très bien compris que les explications des phénomènes de la vie ne peuvent relever que des lois de la physique et de la mécanique générales, s’est clairement exprimé à cet égard. Adoptant les idées de Galien sur la formation des esprits animaux dans le cerveau, il leur donne pour mission de se répandre au moyen des nerfs dans toute la machine animée, afin de porter à chacune des parties l’impulsion nécessaire à son activité spéciale. Cependant, au-dessus et distincte de cette fonction physiologique du cerveau, Descartes admet l’âme, qui donne à l’homme la faculté de penser; elle aurait son siége dans la glande pinéale, et dirigerait les esprits animaux qui en émanent et lui sont subordonnés.

Les opinions de Descartes touchant les fonctions du cerveau ne pourraient aujourd’hui supporter le moindre examen physiologique ; ses explications, fondées sur des connaissances anatomiques insuf-