Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/382

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas seulement l’aspect extérieur du cerveau qui changé quand ses fonctions se modifient, il offre en même temps dans sa structure intime une complexité qui s’accroît avec la variété et l’intensité des manifestations intellectuelles. Relativement à la texture du cerveau, nous n’en sommes plus au temps de Buffon, qui considérait la cervelle, ainsi qu’il l’appelait avec dédain, comme une substance muqueuse sans importance. Les progrès de l’anatomie générale et de l’histologie nous ont appris que l’organe cérébral possède la texture à la fois la plus délicate et la plus complexe de tous les appareils nerveux. Les élémens anatomiques qui le composent sont des élémens nerveux sous la forme de tubes et de cellules combinés et unis entre eux. Ces élémens sont semblables dans tous les animaux par leurs propriétés physiologiques et par leurs caractères histologiques ; ils diffèrent par le nombre, les réseaux, les connexions, l’arrangement en un mot, qui présente une disposition particulière dans le cerveau de chaque espèce. En cela, le cerveau suit encore la loi générale, car dans tous les organes l’élément anatomique garde des caractères fixes qui le font reconnaître ; le perfectionnement organique consiste surtout dans l’arrangement de ces élémens, qui, dans chaque espèce animale, offre une forme spécifique. Chaque organe serait donc en réalité un appareil dont les élémens constitutifs restent identiques, mais dont le groupement devient de plus en plus compliqué à mesure que la fonction elle-même se montre plus variée et plus complexe.

Si nous considérons maintenant les conditions organiques et physico-chimiques nécessaires à l’entretien de la vie et à l’exercice des fonctions, nous verrons qu’elles sont les mêmes dans le cerveau que dans tous les autres organes. Le sang agit sur les élémens anatomiques de tous les tissus en leur apportant les conditions de nutrition, de température, d’humidité, qui leur sont indispensables. Lorsque le sang afflue en moindre quantité dans un organe quelconque, l’activité fonctionnelle se modère, et l’organe entre au repos ; mais, si le fluide sanguin est supprimé, les propriétés élémentaires du tissu s’altèrent peu à peu, en même temps que les fonctions sont anéanties. Il en est absolument de même pour les élémens anatomiques du cerveau. Dès que le sang cesse d’y parvenir, les propriétés nerveuses sont atteintes, ainsi que les fonctions cérébrales, qui finissent par disparaître, si l’anémie devient complète. Une simple modification dans la température du sang, dans sa pression, suffit pour produire des troubles profonds dans la sensibilité, le mouvement ou la volonté.

Tous les organes du corps nous offrent alternativement un état de repos et un état de fonction dans lesquels les phénomènes cir-