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qui se qualifiaient abbés ou prêtres, et à chaque nom les magistrats, interrogeaient sur la qualité et les antécédens de la personne désignée. Il résulta de cet examen qu’à part Carosius ; , Dorothée et Maxime, le prétendu maître d’Eutychès, tous trois archimandrites de monastères bien connus, les autres usurpaient ce titre, et n’étaient pour la plupart que de simples gardiens d’églises ou de chapelles de martyrs, menant les uns la vie solitaire, les autres la vie cénobitique, avec quelques individus composant tout leur monastère. Faustus, archimandrite très considéré dans la ville impériale, était interrogé de préférence par les magistrats, et fournit la plupart des indications. Quelques détails feront voir la manière dont se fit cette curieuse enquête.

Au nom d’Elpidius, qui se qualifiait abbé, « celui-là, dit Faustus, n’est point abbé ; il est commis à la garde des saints tombeaux au monastère de Procope ? — Photin, nous ne le connaissons pas. — Eutychius, il n’a point de monastère ; il est gardien de la basilique Célestine. — Théodore, celui-ci demeure dans les tombeaux (probablement comme préposé à la garde d’un martyrium garni de plusieurs tombeaux). — Moyse, Gérontius, Théophile, ces gens-là nous sont inconnus. — Thomas, c’est un nom que nous ignorons. — Némésinus, ce nom-là me surprend. — Léontius, il demeure près de la ménagerie aux ours (dans un martyrium suivant toute apparence). — Hypsius, il réside au cirque de bois avec deux ou trois compagnons qu’il appelle ses moines, — Gaudentius en compte : cinq dans le quartier de Philippe. » L’interrogatoire marcha de cette façon pendant l’appel des dix-huit signataires ; lorsqu’il fut achevé, Faustus dit aux magistrats : « Que votre magnificence et le saint concile fassent vérifier dans la ville si ces gens qui s’intitulent abbés ont des monastères ou s’ils jouent ici une comédie. » Quant à ceux qui se disent simples moines et qu’aucun, dénoua ni connaît, nous demandons qu’on les expulse de Constantinople comme des imposteurs qui n’ont d’autre but que de provoquer du scandale. »

Sans s’arrêter à ces observations, les magistrats firent entrer Carosius et sa suite, composée d’abord des signataires, puis d’une foule de moines et de clercs qui se joignaient à eux comme adhérens. L’archevêque de Constantinople, ayant remarqué au défilé de cette foule le prêtre Gérontius et un eunuque nommé Calopodius, qui était également prêtre, se leva et dit : « Ces gens-là sont déposés, il ne leur est pas permis d’entrer dans le concile. — Déposés ! répondirent-ils insolemment, personne ne nous l’a fait savoir jusqu’à présent. » L’archidiacre Aétius, Rapprochant de Calopodius, lui dit : « L’archevêque vous répète par ma bouche que vous