Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/506

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

êtes déposé. — Pour quelle raison ? répliqua le prêtre. — Parce que vous êtes hérétique, continua l’archidiacre, sortez ! » Non-seulement Calopodius ne sortit pas, mais il prit la parole, et, s’adressant aux magistrats, « nous requérons, dit-il, qu’il soit donné lecture de notre plainte. » C’était la plainte récemment adressée à l’empereur et que l’empereur renvoyait au concile ; les postulans y réclamaient protection contre les sévices et les menaces d’Anatolius, qui violentait les monastères pour leur faire signer la lettre de Léon.

Cette lecture finissait lorsque Diogène, évêque de Cyzique, apercevant Barsumas, dont le nom ne figurait pas parmi les signataires de la requête et qui s’était glissé dans la troupe des adhérens, s’écria d’une voix véhémente : « Comment se fait-il que Barsumas soit ici ? Barsumas, l’assassin du bienheureux Flavien, lui qui pressait le meurtre en disant aux meurtriers : Tue, tue ; il n’est pas compris parmi les pétitionnaires, pourquoi l’a-t-on laissé entrer ? » Au nom de Barsumas, cet archimandrite si odieux aux catholiques d’Orient, les évêques ne poussèrent qu’une clameur. « Que nous veut Barsumas ? Il a ruiné toute la Syrie ; il arrive escorté de ses mille moines, qu’il va lancer sur nous. » Le tumulte était au comble, les magistrats firent tous leurs efforts pour l’apaiser, puis ils dirent à Carosius et à sa suite : « Le très religieux empereur vous a fait introduire ici pour que le concile entende vos explications ; mais vous devez d’abord être instruits de ce qui a été réglé touchant la foi. — Avant toute chose, repartit Carosius parlant au nom de tous ses compagnons, nous demandons avec instance qu’on veuille bien lire une seconde requête, que nous adressons cette fois au saint concile ici présent. » Cette seconde requête, Barsumas l’avait signée ; mais en entendant son nom les évêques ne purent se contenir, et le tumulte recommença. De toutes parts ces cris retentirent : « Hors d’ici l’assassin Barsumas ! l’assassin à l’amphithéâtre pour être livré aux bêtes ! Barsumas en exil ! anathème à Barsumas ! » Les magistrats laissèrent les clameurs s’éteindre, et firent lire le libelle par Constantin, secrétaire du consistoire impérial.

Ce libelle osait demander la réhabilitation de Dioscore et l’assistance au concile de ce très saint archevêque, comme il l’appelait, ainsi que des autres évêques ses partisans. L’impudence d’une pareille réclamation au lendemain de la condamnation du patriarche d’Alexandrie mit le concile hors de lui. Sans attendre la fin de la requête, on cria de toutes parts : « Anathème à Dioscore ! c’est le Christ qui l’a déposé ; hors d’ici ces gens-là ! hors d’ici l’injure faite au synode ! hors d’ici la violence ! enlevez la souillure du synode ! » A quoi les archimandrites ajoutèrent, en se mêlant aux clameurs : « Enlevez la souillure des monastères ! — Nous ne pouvons entendre