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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/507

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de telles choses, continuaient les évêques, l’homme condamné par un concile ne peut être qualifié d’évêque. On ose le faire pourtant ; pourquoi permettre qu’on foule aux pieds les canons ? — Sans rien préjuger, dirent les magistrats, laissez achever le libelle, » et ils firent signe à Constantin de poursuivre. La requête contenait une verte remontrance à l’assemblée pour avoir « déraisonnablement » condamné le saint archevêque. Si elle ne retirait pas sa sentence, les requérans déclaraient qu’ils secoueraient sur elle la poussière de leurs vêtemens et se retireraient de sa communion. À ces mots, l’archidiacre Aétius saisit le livre des canons qu’il avait près de lui, l’ouvrit et lut à haute voix le cinquième canon d’Antioche ainsi conçu : « Tout prêtre ou diacre qui se sépare de la communion de son évêque pour tenir à part des assemblées sera déposé et, s’il persiste dans son schisme, chassé comme séditieux par la puissance séculière. » — « Ce canon est juste, dirent les évêques ; c’est la loi des pères, qu’elle soit appliquée. » Après un court intervalle de temps, les magistrats reprirent l’interrogatoire, et s’adressant à Carosius et aux autres moines : « Déclarez, leur dirent-ils, si vous adhérez aux décisions du concile. — Je connais, répondit Carosius, la foi de Nicée dans laquelle j’ai été baptisé, et je n’en connais point d’autre. Quand le bienheureux Théotime (c’était l’apôtre des Huns dans la petite Scythie) me baptisa à Tomes, il me défendit de croire autre chose. Quant à ceux-ci, ils sont évêques, — et du doigt il désignait l’assemblée, — ils peuvent nous chasser et nous déposer ; qu’ils fassent ce qu’ils voudront. » Dorothée formula une profession de foi semblable. Barsumas dit-en syriaque, et ses paroles furent aussitôt traduites en grec : « Je crois comme les trois cent dix-huit de Nicée ; j’ai été baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, comme le Seigneur l’enseigna aux apôtres eux-mêmes. » Les autres archimandrites et moines s’exprimèrent dans le même sens. En ce moment, l’archidiacre Aétius s’avança vers eux et leur dit : « Le saint concile croit comme les pères de Nicée ; mais, attendu qu’il s’est présenté depuis lors des questions sur lesquelles les saints pères Cyrille, Célestin et le bienheureux Léon ont publié des lettres dans le dessein d’expliquer le symbole, lettres que le concile œcuménique reçoit avec respect, obéissez à ce jugement et anathématisez Nestorius et Eutychès. — J’ai mainte fois anathématisé Nestorius, fut la réponse de l’archimandrite. — Mais Eutychès, l’anathématisez-vous aussi ? — Il est écrit, reprit Carosius, ne jugez pas pour n’être point jugé vous-même, — puis, interpellant l’archidiacre, il lui dit : Les évêques sont là, pourquoi donc parlez-vous ? — Répondez à ce que le saint concile vous demande par ma bouche, reprit l’archidiacre avec colère ; voulez-vous obéir ou non ? — Si