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prévenir, par le respect dû à sa majesté, le retour des désordres qui avaient déshonoré le faux synode d’Éphèse ; 2° que la présidence des évêques appartînt aux légats, quel que fût leur grade ecclésiastique : c’était aux yeux du pape un moyen de faire reconnaître le droit de primauté de l’église romaine, tête de toutes les églises, et aussi d’empêcher que ses représentans, par la connivence d’un président hostile au siège apostolique, ne fussent insultés, comme ils l’avaient été à Éphèse; 3° que sa lettre exposant la foi de son église, lettre si insolemment repoussée par Dioscore et ses assesseurs, fût lue dans le nouveau concile et insérée aux actes; 4° que Dioscore n’assistât pas comme évêque à l’assemblée. Cette dernière condition surtout était absolue; en ne l’observant pas, on amenait la retraite immédiate des légats. Ce refus du pape de laisser siéger ses légats à côté du patriarche d’Alexandrie tenait principalement à l’audace inconcevable de celui-ci, lorsque après le brigandage d’Ephèse il avait réuni furtivement à Nicée un conciliabule d’Égyptiens pour lancer l’excommunication sur l’évêque de Rome et sur ses envoyés. A défaut du pape, qui n’assistait jamais à un concile œcuménique, que d’autres motifs retenaient d’ailleurs au-delà des mers, l’absence des légats eût tout fait manquer; le concile, privé de la seule représentation occidentale sur laquelle il pût compter au milieu des désastres qui accablaient la Gaule et menaçaient l’Italie, eût été réduit à l’état d’un simple concile oriental, inhabile à contrôler les décisions d’une assemblée œcuménique.

Enfin, toutes les difficultés étant levées, un décret de l’empereur, daté du 17 mai 451, fixa la réunion des évêques à Nicée pour le premier jour de septembre. Les métropolitains avaient le droit d’amener avec eux le nombre de suffragans qu’ils jugeraient convenable. L’empereur promettait de se trouver en personne au concile. Le pape, de son côté, choisit pour ses légats Paschasinus, évêque de Lilybée en Sicile, Lucentius, évêque d’Ascoli, et Cœlius Bonifacius, prêtre de l’église romaine. Celui-ci fut envoyé de Rome, Paschasinus de Sicile, d’où il pouvait arriver plus tôt à Constantinople, le terme du concile étant fort rapproché : Lucentius se trouvait déjà en Orient. Un secrétaire ou notaire leur fut attaché suivant l’usage. Toutes les diligences possibles furent faites à la chancellerie de Saint-Pierre pour que les instructions des légats fussent préparées à temps, et Bonifacius prit la mer.

A Constantinople, on ne mettait pas moins de hâte aux préparatifs, car le temps pressait. Comme pour attacher à la mesure qu’ils venaient de prendre un signe éclatant de leur pensée, Pulchérie et Marcien envoyèrent chercher le cadavre de Flavien dans le bourg d’Ipèpe, où l’exilé avait succombé aux suites de ses blessures, où, pour se débarrasser d’un fardeau qui la gênait, son escorte l’avait