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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/728

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars 1872.

Assurément, à n’observer que l’apparence des choses, la situation de la France, telle qu’elle existe à l’heure présente, n’a rien qui puisse inquiéter ou décourager la confiance, surtout après tant d’épreuves cruelles qui ont passé sur nous comme un ouragan de feu, après toutes ces crises extérieures et intérieures qui semblaient mortelles et que nous avons pu traverser sans périr. Depuis quelques semaines, il y a plutôt dans les esprits une sorte d’apaisement qu’on expliquera comme on voudra, par la lassitude ou par une inspiration de patriotisme et de raison. Le pays, quant à lui, est certainement calme, il n’a d’autre désir que la paix, la paix bienfaisante et réparatrice, pour panser ses blessures, pour reprendre cette vie de sécurité et de travail où les nations malades retrouvent la santé. Les partis eux-mêmes, toujours incorrigibles, mais impuissans, selon le mot récent de M. Thiers, les partis semblent subir cette influence calmante, et s’être donné le mot d’ordre d’éviter les grands conflits, les violences sans dignité, les tumultes stériles. On ne désarme pas, cela est bien clair, on n’abdique ni ses préférences ni ses espérances, on comprend seulement que l’heure n’est pas propice aux agitations, aux solutions décisives, et, tant bien que mal, on revient à cette trêve dont on ne sent jamais mieux l’efficacité que lorsqu’on a essayé un instant de la rompre. Le gouvernement est visiblement fort tranquille et sans aucune préoccupation, puisqu’il n’a pas même éprouvé jusqu’ici le besoin de se compléter, puisqu’il n’y a point encore un ministre des finances définitif. Le gouvernement, dit-on, se promet de nous faire une petite visite, et veut venir renouer connaissance avec la ville de Paris pendant l’interrègne parlementaire qui commence aujourd’hui. L’assemblée de son côté en effet prend des vacances de trois semaines. Elle a donné congé aux grosses affaires, aux propositions brûlantes, aux questions d’impôts aussi bien qu’à cette question des pétitions