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point, notre infériorité est frappante. Espérons pourtant que les hommes ne manqueront pas aux chaires de l’école de commerce marseillaise. C’est tout un enseignement à créer, et il faut que cet enseignement soit élevé, moral et réellement supérieur. Nos écoles de commerce seront aussi une excellente préparation à la carrière des consulats. Quand on a voyagé à l’étranger, on est étonné, sauf de très rares exceptions, de l’infériorité de nos consuls vis-à-vis de ceux des autres nations. Rarement un consul français par le la langue du pays où-il réside, rarement il y voyage, plus rarement encore il en étudie les usages, les mœurs, la politique. De là une foule de déboires, de mécomptes, qui n’auraient pas eu de raison de se produire, si l’on avait connu tout d’abord la langue du pays. Nos consuls deviennent de véritables pèlerins, inquiets, moroses, qui ne restent jamais longtemps au même lieu, tandis que l’Angleterre et l’Allemagne établissent quelquefois, un agent dans un endroit pour une très longue suite d’années, même pour toute la vie. Les avantages qui résultent de ce séjour continu sont plus grands que les inconvéniens, car il faut avant tout, pour bien faire son service, le bien connaître ; d’ailleurs l’homme indépendant et libre, pour longtemps qu’il réside dans un pays, n’en épouse pas forcément les passions. De nos grandes écoles de commerce pourraient également sortir des employés supérieurs d’administration, des commissaires civils pour nos colonies. Une attention sérieuse sera consacrée à l’étude de l’émigration et de la colonisation, questions d’une rare importance et déplorablement négligées. Relever notre enseignement et le faire pratique, c’est la meilleure manière de rendre à la France la place qui lui revient parmi les nations. Le développement des hautes études commerciales est appelé à jouer un rôle important dans cette œuvre de réorganisation.


L. SIMONIN.