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Wurtemberg et quelques autres contrées allemandes, imitant l’exemple de la Prusse, organisèrent directement leurs services de poste, et, peu à peu l’office de Taxis vit son domaine, se restreindre aux grands duchés de la Hesse-Darmstadt, de la Hesse-Électorale, et de Saxe-Weimar, aux duchés de Nassau, de Saxe-Cobourg et de Saxe-Meiningen, à quelques principautés moins importantes et à la ville libre de Francfort ; il conservait en outre des bureau dans les ports anséatiques. Même avec ces proportions réduites, il continuait à remplir un rôle considérable dans l’échange des dépêches européennes et à traiter d’égal à égal avec les administrations des principales, puissances. De 1818 à 1861, le prince de Taxis conclut dix conventions avec l’administration française. Il avait su maintenir la bonne organisation de son service, une exacte fidélité dans les transports et un régime de taxes internationales qui ne le cédait en libéralisme à aucun autre. Cependant après Sadowa ses jours étaient comptés. La politique prussienne ne pouvait plus tolérer cette petite souveraineté si vivace, si indépendantes qui représentait l’ancienne Allemagne, et semblait protester contre le grand programme unitaire. En 1867, le prince de La Tour et Taxis fut annexé et assez mal indemnisé. Ainsi finit cette intéressante dynastie postale dont le règne trois fois séculaire mérite assurément l’estime des historiens, des économistes et des diplomates. En cessant de vivre, elle a légué à l’empire d’Allemagne le soin d’exécuter le dernier traité qu’elle avait conclu avec la France en 1861.

La Prusse, on l’a rappelé plus haut, n’avait pu obtenir de la France la convention, postale, qu’elle avait essayé de négocier en 1803, Elle excitait certaines défiances, car les affaires postales ont toujours eu, particulièrement à cette époque, un caractère politique ; d’un autre côté, l’administration française préférait étendre ses bons rapports avec l’office de Taxis, dont la discrétion ne lui était pas suspecte. Ce fut seulement en 1817, sous la restauration, que le cabinet de Berlin réussit à négocier à Paris un traité postal. Depuis cette époque, d’autres conventions sont intervenues, et la dernière, en date du 21 mai 1858, complétée par des actes additionnels de 1861 et 1865, était encore en vigueur lorsque la guerre de 1870 a éclaté. L’état de guerre mit tout d’abord à néant les divers contrats diplomatiques passés antérieurement entre la France et les gouvernemens d’Allemagne. Bientôt l’invasion fit passer aux mains de fonctionnaires allemands le service des postes dans les départemens occupés par l’ennemi. Dès la signature de l’armistice, puis après l’échange des ratifications du traité de paix, on s’entendit pour rétablir la régularité du service, dont la direction fut restituée partout aux agens français, sous la réserve des conditions