du roi Amédée. Quant à la France, elle ne peut certainement désirer le succès d’aucune de ces causes qui pourraient se mêler dans l’insurrection, pas plus de la cause absolutiste que de la cause révolutionnaire.
Lors de la publication des quatre premiers volumes de cet ouvrage, nous avons entretenu le public de M. Hill Burton, de son tour d’esprit, de sa méthode, de son patriotisme écossais libre de préventions et de préjugés ; de l’auteur passant au livre, nous en avons fait connaître l’idée générale, qui est l’histoire d’une nationalité[1]. Le quatrième volume finissait avec l’année 1568 ; ce moment était celui d’une crise pour la nation écossaise. Marie Stuart, accablée par le témoignage de sa correspondance, avait abandonné le trône, non sans esprit de retour. La royauté de son fils n’était pas contestée, les Écossais demeuraient fidèles à leur dynastie ; la reine seule était frappée de déchéance pour avoir trempé dans le meurtre de son époux. Tant que Marie demeura au pouvoir des Écossais, elle n’était pas à craindre ; ses adversaires étaient les maîtres du jeune roi, et elle comptait parmi ses adversaires tous les partisans de la nouvelle religion. La situation du pays était donc nette encore ; elle ne le resta pas longtemps. Marie, en s’échappant de captivité, prouva qu’elle n’avait pas renoncé à toute prétention. Si elle avait pu se réfugier en France, elle n’y aurait pas trouvé de soutien pour ses droits ; Catherine de Médicis n’aurait rien fait pour la fille des Guises, et les Écossais n’auraient pas prêté l’oreille à une puissance catholique parlant en faveur d’une reine catholique détrônée. Cependant cette démarche eût moins déplu ; s’il y avait là quelque motif d’inquiétude pour le gouvernement nouveau, il n’y en avait pas pour la nationalité. En se réfugiant en Angleterre, Marie Stuart suivait l’exemple de Baliol ; elle se replaçait sous la protection d’une nation autrefois rivale, et mettait ses dernières espérances dans une suzeraineté que l’Écosse n’avait jamais reconnue, que l’Angleterre n’avait pas entièrement abandonnée. Le danger pour l’église nouvelle n’était pas conjuré, puisque la reine Élisabeth tenait pour les prélats, dont les calvinistes ne voulaient pas, et pour les formules communes de la prière, common prayer, dont ils ne voulaient pas davantage. Quant à l’indépendance nationale, elle était évidemment menacée par l’ingérence d’une reine soi-disant suzeraine
- ↑ Voyez la Revue du 1er septembre 1867.