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manipulations chimiques, pour lesquelles sont installés de nombreux laboratoires. Le système de l’externat, en vigueur dans les universités anglaises, est pratiqué moins volontiers en France. On y voit des dangers de plus d’un genre, surtout dans une résidence telle que Paris. Cependant l’exemple de l’École centrale semble décisif. L’externat offre l’avantage de laisser une partie des élèves sous l’influence de la vie de famille ; les autres puisent dans leur émancipation précoce le sentiment de la responsabilité. Du reste, grand nombre de ces jeunes gens sont destinés à occuper, au sortir de l’école, des emplois qui les éloignent de leur foyer et les obligent, dès le début de leur carrière, à ne relever que d’eux-mêmes. Appelés à diriger des travaux, c’est-à-dire à exercer le commandement sur des hommes, il n’est pas inutile qu’ils sachent, de bonne heure, par leur propre expérience, ce que rapporte une vie régulière et ce que coûtent les écarts de conduite. La discipline intérieure ne connaît pas d’autres peines que la réprimande et l’exclusion, et celle-ci peut être prononcée non-seulement pour les fautes légères qui seraient fréquemment répétées, mais encore pour le simple insuccès dans les études. Lorsqu’un élève est reconnu trop faible pour suivre utilement les cours, le conseil de l’école prononce son exclusion. C’est par là que se maintiennent, à l’intérieur comme au dehors de l’école, le niveau de l’enseignement et la forte discipline. Obligés de rédiger les leçons auxquelles ils ont assisté et soumis à de fréquens examens, les élèves doivent consacrer à l’étude la plus grande partie du temps qu’ils ne passent pas à l’école, ils demeurent sous l’incessante dépendance du travail, et ils ne pourraient, sous peine de risquer leur avenir, se soustraire aux conditions d’assiduité rigoureuse que leur impose la régularité quotidienne des cours. Le conseil de perfectionnement veille avec le plus grand soin à ce que les prescriptions soient observées, de même qu’il intervient dans tous les détails de l’administration et de l’enseignement. Cette intervention constante entretient la discipline, le respect et l’affection chez les élèves, le dévoûment chez les professeurs » et elle montre la différence qui existe sous ce rapport entre les écoles de l’état, où chaque professeur s’isole dans son cours, et l’École centrale, où chacun s’intéresse à tous et tous à chacun. De là en outre l’esprit de corps qui se maintient entre les élèves externes de l’École centrale aussi étroit que parmi les élèves des établissemens soumis au régime de l’internat.

Dans les Écoles de droit et de médecine, le système d’études et d’examens est tout différent. La présence assidue aux cours est réglementaire, mais on sait qu’elle n’est pas réelle, et il faut croire que cette prescription rencontre d’insurmontables difficultés, puisque les