Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/548

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
542
REVUE DES DEUX MONDES.

gnement général commun trois jours de la semaine, et l’enseignement du dessin les trois autres jours. C’est l’atelier dans l’école primaire. Le troisième système, le système mixte, a été réalisé particulièrement à Nantes. Il repose sur les règles suivantes : les élèves sont admis à l’école d’apprentis à douze ans, après avoir justifié des connaissances de l’enseignement primaire. De huit à neuf heures et demie du matin et de cinq à six heures du soir, ils reçoivent un enseignement qui embrasse l’étude de la géométrie élémentaire et descriptive, l’arithmétique, la géographie, l’histoire, la chimie et la physique. De dix à cinq heures, ils travaillent chez des patrons ; le soir, ils rentrent dans leurs familles.

Enfin le quatrième système, celui de l’école d’apprentis proprement dite, a été mis en application au Havre en 1857, à la suite d’une délibération du conseil municipal en date du 15 juillet. C’est un externat gratuit qui forme des menuisiers, des découpeurs et des tourneurs sur bois d’une part, d’autre part des forgerons-serruriers, des tourneurs sur fer et des ajusteurs mécaniciens. Les enfans sont reçus après la première communion. Il est donné chaque jour six heures au travail manuel, quatre heures à la révision et au développement des matières de l’instruction primaire. Arrivés à l’établissement le matin, à six ou sept heures suivant la saison, les enfans ne le quittent qu’à huit ou neuf heures du soir. La durée de l’apprentissage est de trois ans. Il y a dans l’école un matériel d’instrumens à l’usage des élèves : une machine à vapeur, un ventilateur pour la forge, des tours, des foreries, une machine à raboter pour l’ajustage, une scie circulaire, une machine à découper pour la menuiserie. Les apprentis sont d’abord exercés au travail tout manuel des petits ateliers, puis ils apprennent à diriger les machines-outils, qui aujourd’hui exécutent presque exclusivement le travail des grands établissemens. À tour de rôle, ils conduisent le moteur et la chaudière. À la fin du stage triennal, un diplôme spécial et un outillage complet sont accordés aux apprentis qui possèdent, théoriquement et pratiquement, la connaissance de leur métier ; l’outillage seul est accordé à ceux qui ne peuvent justifier que de la connaissance pratique. Telle est l’école du Havre, véritable école d’apprentis. Elle a tenu, s’accordent à dire les visiteurs, tout ce qu’elle promettait. Il règne dans les rangs un air de santé et de bonne humeur. On a essayé de donner à chaque groupe des occupations qui soient profitables, la confection des pupitres destinés aux écoles primaires ou l’exécution de machines qui servent à l’établissement.

Maintenant, de ces quatre formes d’organisation, laquelle adopter de préférence ? Par beaucoup de points, elles se côtoient, et quelquefois elles se confondent : toutes, elles exigent une limite d’âge,