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LES ÉCOLES D’APPRENTIS.

tre-maîtres subordonnés au directeur, sans rouage parasite, sans possibilité de conflit, voilà la combinaison à laquelle il s’est arrêté, — c’est celle du Havre. Tout ainsi devient aisé : les chefs d’atelier ne doivent pas manquer, pourvu que l’on sache rétribuer et honorer leurs fonctions comme il convient ; ce ne sont pas non plus les maîtres expérimentés, ni le concours d’un comité spécial ; les idées justes sont toujours servies à point et par les meilleures mains.

Quant à la gestion commerciale de l’atelier, en l’étudiant de près, on en simplifie les embarras. En réalité, il ne s’agit pas de créer tout d’un coup dans Paris un grand nombre d’écoles d’apprentis : il ne s’agit que d’une seule école, un échantillon, un modèle ; pour le moment, il n’y a pas à porter les vues plus loin. Or la dépense de l’outillage d’installation de l’école du Havre pour un atelier propre au travail du bois et du fer et destiné à recevoir 150 élèves a coûté 26,000 francs. Voilà le premier risque, le premier coût, et on verra que les autres ne sont guère plus considérables. D’autre part, il ne faut pas s’effrayer outre mesure de l’approvisionnement en matières premières. Étant donnés trois ans de stage, la promotion avancée aurait seule à travailler des matériaux de quelque prix ; les autres pourraient s’exercer sur des matériaux de moindre valeur, vieux ou bruts, transformés jusqu’à épuisement, bois de corde, vieilles ferrailles. Un entrepreneur prétendait s’en tirer avec 150 francs par an. D’ailleurs, à mesure que l’habileté serait plus grande, l’emploi des matières, au lieu d’être une perte sèche, pourrait devenir un profit pour la ville. On vient de créer un magasin spécial de mobilier scolaire, voilà des fournisseurs tout trouvés. Elle a pris à sa charge l’entretien des bureaux d’octroi et des corps de garde, celui des grilles et des bancs des jardins publics, en un mot tout le matériel qui se rattache soit aux bâtimens communaux, soit au domaine municipal ; quoi de plus naturel, de moins susceptible d’objection, que de faire exécuter en partie par les apprentis de troisième année les travaux ayant cette affectation ? Et, comme la ville réaliserait de ce chef quelques bénéfices, rien ne s’opposerait à ce que, comme au Havre, une part fût prélevée pour être distribuée en prime aux apprentis les plus méritans.

Après avoir ainsi pesé le pour et le contre, calculé, comparé, M. Gréard en arrive à conclure pour une gérance directe, comme plus favorable à l’apprenti, plus digne de la ville et permettant une expérience plus complète et plus sûre. Comme donnée fondamentale, il estime en outre qu’il y a lieu, comme au Havre, de s’arrêter, pour les métiers qui seraient l’objet de l’école d’apprentis de Paris, aux industries du fer et du bois. Quant aux bases de l’organisation et aux matières d’enseignement, elles entrent dans trop de détails