Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/552

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
546
REVUE DES DEUX MONDES.

pour qu’il soit possible de leur donner place ; rien n’y est omis, bien s’en faut, peut-être même y a-t-il là plus de charges que le cerveau d’un enfant n’en peut supporter. Sommairement on peut dire que l’école reçoit au maximum 150 apprentis, divisés en trois sections, engagés pour trois ans, et qu’aucun n’y est admis avant l’âge de treize ans révolus. Quant à l’enseignement, il revêt trois formes, général, technologique, dessin géométrique, spécial ou technique. Le personnel comprend un directeur et deux professeurs adjoints, un professeur de dessin géométrique, trois contre-maîtres spéciaux et un maître de gymnastique. Les élèves sont reçus à titre gratuit, et tous les outils qui forment partie du mobilier de l’école leur sont fournis. Pendant la première année, l’apprenti ne touche rien. Arrivé à la deuxième, il peut être admis, pour une part proportionnelle à son mérite et à titre de récompense, au bénéfice des produits fabriqués.

Entraîné à fournir un plan complet pour aboutir à une demande d’allocations, M. Gréard, avec une grande science des détails, a récapitulé un à un les élémens d’une comptabilité qu’il créait de toutes pièces, Les installations des salles et des ateliers, d’un chantier servant au dépôt des matières premières, d’un préau couvert et d’un préau découvert avec gymnastique. Enfin, s’appuyant d’un budget connu, celui de l’école du Havre, et y mêlant des évaluations empruntées à sa propre expérience, il dressait le budget de l’école, après avoir fixé la dépense totale des installations de 60 à 65,000 fr., et avec l’imprévu à 70,000 francs. Quant au chiffre du budget, il comprend deux propositions, un minimum de 44,700 fr., et, avec quelques augmentations de traitement pour le personnel, un maximum de 52,100 francs.

La cause dont M. Gréard s’est porté le soutien est de celles qui rencontrent un profond écho dans la conscience publique, honorent ceux qui la plaident, et ne trouvent pas un dissentiment. Son mémoire au préfet est animé d’une chaleur souvent éloquente, servie par une étude patiente des faits ; il traite des problèmes les plus délicats de l’avancement des classes laborieuses, et qui ont été de tout temps l’objet des plus vives susceptibilités. On ne saurait donc toucher à ces questions avec trop de ménagemens, ni se montrer trop hésitant au sujet des réserves que l’on pourrait faire. Il en est une pourtant qui se présentera d’abord à l’esprit et que M. Gréard a prévue, c’est la crainte que les proportions du projet n’en énervent et n’en atténuent l’effet. Faire porter l’expérience sur une école unique et 150 apprentis seulement, c’est peut-être risquer une grande partie avec de trop petits moyens. Sur cette échelle réduite, l’écueil est précisément celui que M. Gréard a signalé dans plusieurs