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chargée d’étudier un problème d’autant plus difficile à résoudre qu’on se donne beaucoup de mal pour éviter de le regarder en face ? Où en sont les sous-commissions qui ont été nommées pour examiner de plus près toutes ces questions plus ou moins constitutionnelles, la formation d’une seconde chambre, les attributions des pouvoirs publics, les rapports de M. le président de la république et de l’assemblée, la responsabilité ministérielle ? Tout ce qu’on peut dire pour le moment, c’est que ces sous-commissions n’ont point interrompu leur travail même pendant les vacances, c’est qu’elles ont eu plusieurs fois des conférences, soit avec M. le président de la république, soit avec M. le garde des sceaux, et qu’en fin de compte cet examen en commun semble avoir conduit à un rapprochement de vues et d’opinions sur quelques-uns des points essentiels. On était parti d’une divergence presque complète, d’une sorte d’antagonisme avoué, constaté par le vote du 29 novembre ; on est arrivé, à ce qu’il paraît, à une certaine entente préparée et singulièrement facilitée sans doute par la discussion du 14 décembre sur la dissolution, par le discours de M. Dufaure. Cette entente serait même assez marquée, s’il est vrai que d’un côté on ne contesterait plus à M. Thiers le droit d’intervenir dans les débats parlementaires, et que M. Thiers à son tour ne refuserait pas de laisser réglementer ce droit d’intervention par la parole et par l’éloquence. C’est là, on le sait, un des points les plus délicats.

À bien dire, le danger, l’écueil dans toutes les combinaisons qui ont été mises en avant, et elles sont certes assez nombreuses, le danger est dans cet effort raffiné et subtil auquel on semble se livrer pour éluder les difficultés, pour faire un peu de définitif sans sortir du provisoire ou pour couvrir le provisoire d’une légère apparence de définitif, pour trouver en un mot un modus vivendi qui ne décide rien et ne compromette rien. M. Thiers disait spirituellement au début de ces conférences de la commission des trente qu’on cherchait à Rome ce modus vivendi sans le trouver, mais qu’il ne fallait pas se décourager, qu’on le découvrirait peut-être à Versailles. Le meilleur moyen de le trouver est de ne pas trop se perdre dans des raffinemens de casuistique constitutionnelle ou dans les subterfuges de l’esprit de parti, d’aller simplement, résolument, à la réalité des choses. Quelle est aujourd’hui cette réalité des choses ? On le sait, on le voit tous les jours. Il y a une assemblée qu’on veut justement maintenir dans ses droits, dans sa prépondérance de pouvoir souverain ; il y a un gouvernement qui n’est au premier abord que le mandataire de l’assemblée, mais qui, lui aussi, a jusqu’à un certain point sa vie propre par son origine morale, par l’autorité des services qu’il a rendus, par l’ascendant et la popularité de l’homme qui le personnifie ; il y a enfin une république qu’on peut n’accepter que par raison, si l’on Vâut, qui existe néanmoins, qu’on ne peut même pas remplacer, qu’on