les récoltes sur pied. En 1770,10 millions de paysans périrent dans le BeDgale en subissant toutes les tortures de la faim, et pendant plus de vingt ans le tiers des terres resta inculte. Depuis cette époque, il se produisit en 1836, 1839, 1840, 1865, des sécheresses qui furent presque aussi meurtrières.
Si terribles que soient les sécheresses, les inondations le sont davantage encore. Nous avons dit que les trois fleuves qui traversent Orissa, après avoir drainé dans leur parcours, depuis l’intérieur du plateau central, les pluies d’un bassin de 147,500 kilomètres carrés, vont en se rapprochant peu à peu les uns des autres jusqu’à ne plus être séparés que par un intervalle de 48 kilomètres à peine, et qu’ils lancent leurs flots accumulés sur le district de Cattack. La rapidité que ces eaux avaient dans la montagne se trouvant subitement arrêtée quand elles arrivent sur le terrain plat, du Delta, elles se séparent en une multitude de bras qui s’entre-croisent, comme ferait le liquide contenu dans une cruche lancée contre terre avec violence.
Le Mahanadi, littéralement le grand fleuve, prend sa source dans l’Inde centrale, et reçoit d’innombrables affluens. Tant qu’il reste dans la région montagneuse, il coule toujours au fond des vallées en contournant les montagnes ; mais, lorsqu’il débouche dans la plaine près, de Cattack, le lit s’élève au-dessus du niveau des terres voisines, et s’encaisse dans des berges qui forment comme des chaînes de collines parallèles ; au lieu de recevoir des affluens, le fleuve donne naissance à des bras qui lui impriment le caractère deltaïque, inconnu, à l’Europe. Ce phénomène tient à ce que, par suite de la rapidité de leur cours dans la partie montagneuse, les eaux entraînent une prodigieuse quantité de limon, qui se dépose quand le changement de pente rend le courant moins violent. Le lit s’élève ainsi peu à peu jusqu’à former un canal qui coule au-dessus des plaines voisines, et, comme les dépôts terreux, sont plus abondans dans le lit. que sur les bords, la capacité du canal diminue sans cesse. Le même effet se produisant dans chacun des bras du fleuve, la masse d’eau qui arrive trouve de jour en jour un écoulement moins facile. Pendant l’été, alors que les affluens supérieurs ne fournissent qu’un faible contingent, les canaux suffisent à débiter les eaux ; mais pendant la saison des pluies des torrens gonflés se précipitent de toutes les vallées latérales dans ; celle du Mahanadi, et y accumulent une masse liquide bien supérieure à celle : qui peut s’écouler naturellement. AÀ ce moment, le fleuve a un volume de 50,900 mètres, cubes par seconde, un tiers de plus que le Gange, es, comme les canaux du Delta ne peuvent en débiter que la moitié, le surplus passe par-dessus les borde et inonde