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par la fréquentation les uns des autres, le prélude dans l’expérience de l’école des expériences de la vie. On conduit dans des villes privilégiées les jeunes filles aux cours de facultés ; mais l’enseignement supérieur doit compléter et non remplacer l’enseignement secondaire.

Un des derniers ministres de l’instruction publique avait organisé des cours de filles ; ils sont tombés, excepté à Paris et dans quelques autres villes, sous l’effort d’influences puissantes. Ces cours rappelaient sous certains rapports les gymnases féminins ; mais on ne saurait compter pour l’enseignement des filles sur des professeurs qui sont déjà complètement absorbés par l’enseignement des garçons ; il faudrait un personnel enseignant presque nouveau, dans lequel devrait dominer l’élément féminin. Les locaux attribués à ces cours étaient généralement précaires, souvent peu appropriés par leur disposition, leur situation, ou leurs connexités à la destination qu’on se proposait. Pourtant il ne faut pas oublier que c’était un commencement ; en durant, l’institution eût acquis ce qui lui manquait, personnel, matériel, locaux, budget particulier. L’important, si on veut jamais créer en France l’enseignement des femmes comme on l’a fondé en Allemagne et en Russie, c’est l’organisation d’un vaste ensemble où les efforts des institutrices ne se perdent pas dans l’isolement, mais soient soutenus et dirigés par une pensée commune. Quel obstacle pourrait-on rencontrer encore dans une création aussi patriotique ? Qui oserait contester que « le plus grand besoin de la société en tout temps, et aujourd’hui plus que jamais, est de fortifier les mœurs, et que le moyen le plus efficace pour y parvenir est de donner une bonne éducation aux femmes[1] ? »


ALFRED RAMBAUD.

  1. Voyez la Revue du 15 août 1864.