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jour à la disposition du directeur-général, dans les principales gares de l’Allemagne, dix wagons pour le transport des paquets, dont le nombre s’est élevé à 2 millions pendant la durée de la campagne. En présence de ces résultats gigantesques, nous dirons encore une fois : Il est indispensable de donner à l’armée française un ressort qui lui a toujours manqué, bien qu’il soit de nature à exercer la meilleure influence sur la situation matérielle et morale du soldat.


III

La ressource fondamentale du budget de l’empire consiste dans le produit des douanes et des impôts de consommation, qui est évalué pour 1873 à 246 millions. Avant d’étudier chacune de ces branches de revenu individuellement, nous devons entrer dans quelques explications générales, indispensables pour la clarté même du sujet. En 1815, l’Allemagne se trouvait, au point de vue du commerce et de l’industrie, dans une situation critique. La Bavière depuis 1807, le Wurtemberg depuis 1808, le duché de Bade depuis 1812, avaient aboli leurs douanes intérieures et substitué à ce régime vieilli, sur l’instigation du gouvernement français, celui des droits d’entrée à la frontière ; mais il existait encore, dans les anciennes provinces de la Prusse, soixante tarifs différens, et chacun des autres états de l’Allemagne du nord avait aussi sa législation propre. Les plénipotentiaires alors réunis à Vienne ayant décidé que toute question relative aux intérêts matériels de la confédération serait bannie des discussions de la diète, les états furent obligés d’adopter une autre voie pour se rapprocher, et ils organisèrent des conférences générales qui devaient avoir lieu successivement dans les villes les plus importantes. Malheureusement il était difficile d’arriver à une entente, et les délégués perdirent de longues années en délibérations, en notes de tout genre, sans pouvoir fixer un programme. Enfin, au commencement de 1828, la Bavière et le Wurtemberg signaient un premier traité de douanes, et la Prusse ralliait à son système d’impôts indirects plusieurs principautés de l’Allemagne du nord. Bientôt, grâce à l’entraînement des idées vers une association unique, d’autres conventions groupèrent les tronçons épars du peuple germanique, et finalement le Zollverein vint ranger sous sa loi une population totale de 27 millions d’habitans. Dans le premier traité, conclu au cours de l’année 1834, les états promettaient d’adopter un régime douanier uniforme et, autant que possible, un seul et même tarif des droits d’entrée, de sortie et de transit. Ils proclamaient, dans l’intérieur