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une brillante coloration. Généralement la coquille des mollusques terrestres açoriens est mince, fragile et transparente. Les rares espèces qui ont une coquille épaisse sont identiques à des espèces du continent : elles sont cantonnées dans le voisinage des ports de débarquement les plus fréquentés. Il y a tout lieu de supposer qu’elles sont d’introduction relativement récente. La ténuité de la coquille est un caractère de variété que l’on peut considérer comme appartenant à tous les mollusques terrestres de la faune véritablement açorienne. La cause principale de cette particularité est sans doute la composition du sol du pays. Les roches volcaniques qui le constituent exclusivement ne contiennent que de petites quantités de chaux ; encore cette substance y est-elle à l’état de combinaisons éminemment stables. Les mollusques ne peuvent donc y puiser directement, comme dans les terrains calcaires, la chaux nécessaire à l’épaississement de leur l’est ; dès lors il n’est pas étonnant que leur coquille soit mince et fragile. Aux Açores, on peut voir d’ailleurs une preuve évidente de l’influence du sol sur le développement du test des mollusques. La même espèce, lorsqu’elle est commune à Santa-Maria et à San-Miguel, possède une enveloppe plus épaisse, plus opaque et plus colorée dans la dernière de ces deux îles, qui est, comme je l’ai déjà indiqué, dotée de formations calcaires.

La distribution des mollusques terrestres dans les trois groupes d’îles de l’archipel açorien est semblable à celle des autres subdivisions du règne animal. Le plus grand nombre des espèces se trouve dans le groupe oriental, et le plus petit dans le groupe de l’ouest. Les espèces communes avec l’Europe ou avec Madère et les Canaries sont répandues d’une extrémité à l’autre de l’archipel, tandis que celles qui sont propres au pays sont plus ou moins limitées dans leur expansion. Les premières habitent en général la lisière maritime, les autres au contraire vivent presque toutes sur la pente des montagnes, à l’ombre des bruyères et des myrsines ; plusieurs espèces, notamment quelques hélices, ne se rencontrent que dans certaines circonscriptions très limitées dans l’intérieur des îles. Les mollusques terrestres que l’on rencontre encore à une altitude supérieure à 1,000 mètres appartiennent à de petites espèces ; on les trouve au milieu des mousses et des plantes herbacées qui revêtent ces hauteurs.

Les mollusques marins sont peu nombreux et en général de petite taille dans les parages des Açores. Les bivalves surtout sont rares. Ce fait tient en première ligne à la configuration du sol. Les plateaux de soude sur lesquels reposent les îles sont très étroits ; les côtes sont généralement bordées de falaises abruptes et sans découpures. Les baies peu profondes dans lesquelles les mollusques acéphales