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Santa-Maria. Les animaux auxquels ont appartenu ces restes ont vécu dans une mer qui abandonnait un fin sédiment de carbonate de chaux ; leurs débris se sont déposés au fond de l’eau, au milieu d’une sorte de boue calcaire et sableuse, qui les a empâtés et emprisonnés en se solidifiant. Le sol sur lequel s’opérait un tel dépôt était constitué par des agrégats volcaniques, produits d’éruptions antérieures. Des mouvemens locaux ont eu lieu plus tard ; le fond de la mer s’est soulevé, ici de 80 mètres, là de 60, plus loin d’une moindre quantité et dans des sens divers. De nouvelles éruptions ont succédé, et les assises sédimentaires relevées ont été recouvertes en plusieurs endroits d’une série d’assises de laves et de conglomérats volcaniques de plus de 100 mètres d’épaisseur. Les couches calcaires ainsi soulevées appartiennent, d’après leurs fossiles, à la fin de l’époque miocène ; les laves sous-jacentes à ce dépôt sont plus anciennes que lui et antérieures au soulèvement de l’île ; les laves superposées sont plus récentes que l’un et l’autre. En d’autres termes, l’éruption des laves inférieures a précédé le dépôt du terrain miocène supérieur, tandis que les éruptions des laves supérieures l’ont suivi, et en somme l’archipel açorien n’a pas cessé d’être émergé pendant les derniers âges de la période tertiaire. Il a donc été possible aux végétaux et aux animaux terrestres de s’y maintenir et d’y vivre, depuis une époque dont nous sommes séparés par des myriades d’années, et cette possibilité sera considérée comme une certitude, si l’on se rappelle la couche de lignite de San-Miguel dont il a été précédemment question, et le gisement de cette couche sous un amas de bancs de lave de plusieurs centaines de mètres d’épaisseur.

Les mouvemens d’élévation du sol, dont, il reste des signes si intéressans dans l’île de Santa-Maria, ont été essentiellement locaux ; aucune des autres îles de l’archipel des Açores ne présente de banc marin dans les nombreuses coupes de terrain que l’on y peut apercevoir. L’île de Santa-Maria elle-même est loin d’avoir subi dans toutes ses parties des déplacemens égaux de sa surface. Des soulèvemens partiels comme ceux dont on y remarque les effets sont fréquens dans toutes les contrées volcaniques ; on en a vu deux curieux exemples, l’un au pied du Vésuve en 1860, l’autre à Santorin en 1866. Ils n’ont rien de commun avec ces profonds bouleversemens auxquels on doit la formation des grandes chaînes de montagnes : ceux-ci embrassent tout un pays ; aux Açores, il n’existe aucune trace d’un tel mouvement ascendant général.

Mais un déplacement de la surface du sol en sens inverse n’a-t-il pas eu lieu aussi ? Une vaste. étendue de terrain comprenant l’espace occupé aujourd’hui par l’archipel açorien ne s’est-elle pas affaissée, comme cela est arrivé dans d’autres régions du globe