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LE
SERVICE DES EAUX À PARIS

En dehors des organes de salubrité morale à l’aide desquels on neutralise les malfaiteurs ; on secourt les indigens, on répand l’instruction, il existe dans toute agglomération humaine des organes de salubrité matérielle qui sont nécessaires à la vie commune des grandes villes. Sous ce rapport, Paris peut à bon droit être proposé comme modèle. Dès l’origine de notre histoire urbaine, malgré l’ignorance des temps, on constate les efforts accomplis pour assainir la cité, pour distribuer à chacun l’eau et la lumière, et pour améliorer sans cesse les conditions hygiéniques extérieures au milieu desquelles vit notre population. L’eau, élément indispensable à l’existence, emblème de pureté qui est symbolisé dans nos églises par le bénitier, substitué au lavabo des ablutions antiques, — l’eau, instrument d’industrie et de locomotion artificielle, a été de tout temps considérée comme une nécessité de premier ordre. Les villes, les gouvernemens, les rois, ont toujours tenu à honneur de la déminer en abondance, souvent au prix de sacrifices, excessifs. Il est intéressant d’étudier comment Paris est arrivé à satisfaire d’une façon correcte aux légitimes exigences de son peuple à cet égard.

I.

Il nous suffit aujourd’hui de tourner un robinet pour avoir de l’eau en quantité suffisante ; il n’en a pas toujours été ainsi. Avant d’être doté de l’admirable système de réservoirs, d’aqueducs, de fontaines, dont nous jouissons maintenant, Paris, comme un voyageur au désert, a traversé ce que les Arabes appellent les heures de la soif. Lorsque la ville tout entière gisait dans l’île de la Cité,