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soit poursuivi d’office par les magistrats, et que celui-là paie cent mille pièces au fisc ; si un esclave les a offensés, qu’il soit frappé de verges par son maître devant celui qu’il a offensé, et si le maître a consenti à l’outrage, qu’il paie vingt mille pièces au fisc, et que son esclave reste en gage… »


CONSTANTIN AUGUSTE AU PEUPLE (333).

« Confirmant les bienfaits de nos divins prédécesseurs, nous ordonnons que les médecins et les professeurs de belles-lettres soient exempts de toute fonction municipale (munera) et charge publique, qu’ils ne soient pas compris dans le service de la milice, ni obligés de recevoir des hôtes ou de s’acquitter d’aucune charge, afin qu’ils aient ainsi plus de facilité pour instruire le peuple dans les études libérales et dans les arts. »

La plus curieuse de ces constitutions est assurément celle qui porte le nom de l’empereur Gratien, et qui fut peut-être rédigée par son précepteur, le poète Ausone. Assimilant complètement les professeurs aux plus hauts magistrats de l’ordre civil ou militaire, Gratien, se référant à d’anciens usages, leur assigne d’abondantes distributions de blé, de vin et d’huile ; douze rations doivent former les émolumens des grammairiens en langue « attique ou romaine ; » vingt-quatre rations sont le salaire des maîtres de rhétorique, — libéralités sans doute excessives aux yeux des curies municipales, chargées souvent d’acquitter sur leurs propres deniers ces témoignages de la munificence de l’auguste, car celui-ci recommande au préfet du prétoire des Gaules de veiller à la rigoureuse exécution de ses ordres. « Nous voulons, lui écrit-il, voir dans le diocèse confié à tes soins les grandes cités fleurir et briller sous les mains d’illustres maîtres ;… mais nous ne pensons pas que chaque cité soit libre de payer suivant son gré ses rhéteurs et ses grammairiens. »

Si grandes qu’elles fussent, de pareilles largesses étaient jugées encore insuffisantes par des princes éclairés tels qu’un Constantin, un Julien ou un Théodose. Ils prenaient alors soin d’attacher à leur personne quelque professeur favori, et le revêtaient à plaisir des plus hautes dignités de l’état, charges au palais, préfectures, consulat même. L’empereur Constantin faisait venir jusque sur les rives du Bosphore le rhéteur OEmilius Arborius, et sur la terre classique des philosophes et des sophistes confiait à ce Gaulois l’éducation des jeunes césars ses enfans. Valentinien ne trouvait pas de mentor plus désirable pour son fils Gratien que le poète Ausone, alors maître de rhétorique dans la célèbre école de Bordeaux. Parfois au contraire c’était quelque favori du prince qui, détaché de la