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LE PAIEMENT
DE L’INDEMNITÉ PRUSSIENNE
ET L’ÉTAT DE NOS FINANCES

Au moment où paraîtront ces pages, l’évacuation des derniers départemens occupés par l’ennemi sera commencée; nous aurons payé la presque totalité de notre rançon, 4 milliards 1/2 sur 5, et les 500 millions restans seront soldés dans les deux mois qui vont suivre, en août et en septembre, à raison de 250 millions par mois. Jusque-là la place de Verdun sera le dernier gage entre les mains des Prussiens. Ce résultat aura été obtenu en deux ans et demi, depuis la conclusion de la paix, et malgré l’horrible guerre civile de la commune. Pour en comprendre toute l’importance, il faut se rappeler qu’il s’agissait non pas seulement de transférer aux Prussiens un capital égal à 5 milliards, sous une forme quelconque; on était tenu de les payer en espèces métalliques ou en valeurs identiques. Jamais problème financier semblable ne s’était posé en face d’une nation. En 1815, après nos premiers malheurs, l’indemnité qui nous fut imposée était de 700 millions; elle s’éleva à 1,100 environ avec la solde des troupes d’occupation et les créances qu’on avait à répéter contre nous ; nous eûmes cinq ans pour la payer, et, quand au bout de trois ans, grâce aux habiles négociations du duc de Richelieu, l’ennemi consentit à évacuer notre territoire, nous lui devions encore 265 millions, pour lesquels il voulut bien accepter des rentes jusqu’à concurrence de 100 millions et des engagemens payables de mois en mois par neuvième pour le reste, lesquels engagemens étaient garantis par MM. Baring et Hope. Aujourd’hui on ne nous fait aucune espèce de crédit ; il nous faudra avoir tout payé en espèces métalliques avant le départ du dernier Prussien. Ce tout se compose non-seulement du principal de l’in-