Neuilly-sur-Marne, elle se replie vers Paris, allant passer sous Nogent, sous Joinville et le plateau de Vincennes, dont les redoutes de La Faisanderie et de Gravelle sont les points avancés et proéminens, sous Saint-Maur ; puis, se redressant fortement vers Champigny, elle va contourner les hauteurs de Chennevrières, d’Ormesson, revient sur elle-même dans la direction de Créteil et de Gravelle, et s’écoule par Charenton, vers la Seine. Par ces vigoureuses sinuosités, qui sont à peu près à l’est de Paris ce que les replis de la Seine sont à l’ouest, la Marne forme deux presqu’îles, — l’une, celle de Champigny, à l’isthme assez ouvert, — l’autre, celle de Saint-Maur, à l’isthme étroit et resserré, coupé par un petit canal qui n’a pas plus d’un kilomètre. Il en résulte que, si dans la presqu’île de Saint-Maur on est couvert par ce que les loups de rivière appellent « le tour de Marne, » dans la presqu’île de Champigny, dont Joinville est le sommet, on débouche au contraire sur l’extérieur à découvert, mais en ayant ses flancs protégés par les deux bras du rentrant. La rive droite du côté de Paris est défendue par des hauteurs ayant au centre le fort de Nogent, à droite le plateau de Gravelle avec ses deux redoutes, à gauche le fort de Rosny, puis la butte d’Avron, ayant ses vues sur tout le cours de la rivière jusqu’à Gournay, dominant les revers opposés. Sur la rive gauche, à partir de la Marne, sauf la petite plaine de Champigny, le terrain se relève assez rapidement. On a devant soi cette chaîne de coteaux qui, de Noisy-le-Grand, en face de Neuilly-sur-Marne, court par Villiers, par les plateaux du haut Champigny, de Cœuilly, de Chennevrières, d’Ormesson, jusque vers Boissy-Saint-Léger et Villeneuve-Saint-George. Pour aborder ces hauteurs, il y a diverses routes. La principale, partant du pont de Joinville, se bifurque en avant de Champigny, formant deux embranchemens dont l’un gagne par le village lui-même le plateau supérieur de Cœuilly, tandis que l’autre monte directement sur Villiers. De Brie, plusieurs routes s’élèvent également soit vers Noisy-le-Grand, soit vers Villiers. Enfin à travers ces rampes se dessine la chaussée du chemin de fer de Mulhouse, qui passe entre Villiers et Champigny, profitant d’une légère dépression de terrain où coule le ruisseau de la Lande, et où une armée assaillante peut trouver des accidens favorables.
C’est là le théâtre de guerre où l’on se proposait de frapper le grand coup, avec la pensée d’avoir par ces premières hauteurs le commencement des plateaux de la Brie, où l’on retrouverait une certaine liberté de mouvement ; mais pour engager l’action il fallait rallier toute l’armée de sortie, lui faire passer la Marne, préparer le passage par des moyens suffisans d’artillerie, prendre la butte d’Avron, qu’on n’avait pas encore occupée, qu’on pouvait avoir à disputer, et pour organiser cette opération hardie, sans