l’héroïsme du chef enflammant ses soldats de son feu, et qui fit courir un frisson électrique dans tout Paris. « Pour moi, j’y suis bien résolu, disait le chef de la deuxième armée à ses soldats, j’en fais le serment devant vous, devant la nation tout entière : je ne rentrerai dans Paris que mort ou victorieux. Vous pourrez me voir tomber, vous ne me verrez pas reculer. Alors ne vous arrêtez pas, mais vengez-moi ! .. »
On touchait désormais à l’action fixée au 29, Dès le 28 au soir, le contre-amiral Saisset, attendant l’obscurité complète, s’élançait avec ses 3,000 marins sur Avron, dont il prenait possession. On avait la nuit pour mettre l’artillerie en position. Malheureusement la préparation de la journée du lendemain manquait au même instant d’un autre côté. Les équipages de ponts amenés par la Seine et le canal de Saint-Maur dans la Marne, sous Joinville, rencontraient tout à coup les obstacles les plus sérieux. Il s’agissait de remonter la rivière en passant sous le pont de Joinville, dont une arche avait été rompue à l’arrivée des Prussiens. Des déplacemens et des violences de courant, déterminés par des obstructions, compliquaient singulièrement l’opération. Une crue de la rivière survenant dans la soirée à l’improviste ajoutait aux difficultés. Plusieurs fois la petite flottille conduite par un officier de marine, le capitaine de frégate Rieunier, attaquait le passage du pont avec la dernière énergie, on échouait toujours. Le temps passait cependant ; il n’y avait plus de doute, il fallait trouver les moyens de vaincre l’obstacle, et on ne serait pas prêt au jour, on n’aurait pas remonté la Marne pour jeter les ponts au moment fixé. M. Krantz, consterné, se hâtait de prévenir le gouverneur, le général de Chabaud-Latour, et il se rendait lui-même au fort de Nogent, où le chef de la deuxième armée avait son quartier-général.
Il était déjà une heure du matin. Le général Ducrot, à son tour, partait aussitôt pour Rosny, où était le gouverneur. Le général Trochu, vivement contrarié, peut-être aussi un peu préoccupé de l’effet que cette mésaventure produirait dans Paris, ne songeait d’abord à rien moins qu’à organiser sur-le-champ une opération nouvelle, ce qu’il appelait assez obscurément dans une de ses dépêches une « opération transformée. » Il voulait essayer de sortir par la vallée de Chelles ; mais là il allait se jeter dans une contrée marécageuse où il risquait de se perdre. Il parlait d’une attaque sur Le Raincy. Le préfet actuel de la Seine, M. Ferdinand Duval, qui était présent et qui connaissait le terrain, donnait les détails les plus inquiétans, et d’ailleurs où irait-on par Le Raincy ? Comment changer d’une heure à l’autre tout un système ? Mieux valait encore attendre un jour, au risque de perdre l’avantage de surprendre l’ennemi ; seulement