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lesquelles toutes les attaques venaient successivement se briser. Vers la Marne, la brigade Comte, retranchée et barricadée, arrêtait l’ennemi. En un mot, la division Faron, si violemment assaillie sur son front, avait repris par degrés son équilibre, et maintenant elle faisait la meilleure contenance, si bien que, lorsque le général Trochu venait un peu après midi dans cette partie des lignes, se promenant sous les balles et les obus qui pleuvaient de tous côtés, le général de La Mariouse pouvait lui dire qu’il n’y avait plus rien à craindre, que la résistance était organisée à la tête de Champigny, et qu’on tiendrait toujours.

On tenait en effet, et à partir de ce moment, même avant midi, on peut dire que l’attaque allemande avait définitivement échoué, puisqu’elle n’avait pu avoir raison de troupes fatiguées et surprises. L’armée française, jusque-là réduite à une pénible défensive, pouvait songer maintenant à se reporter en avant. Sur ces entrefaites arrivaient la division Susbielle et la division Bellemare. Bientôt commençaient à se montrer sur les hauteurs de l’autre rive de la Marne trente bataillons de garde nationale, à peu près 15,000 hommes, qu’on ne parvenait pas trop aisément à placer et qui n’avaient du reste aucun rôle actif dans ce grand drame militaire. Dès lors tout était réparé, tout prenait une tournure favorable. Les deux divisions de secours appelées sur le champ de bataille ne pouvaient paraître plus à propos. Le général de Bellemare, s’avançant par la gauche des pentes de Villiers, allait soulager et seconder la vaillante division Courty. Le général Susbielle, marchant à droite de la route de Villiers, allait relever une partie de la division Berthaut, qui combattait depuis le matin, et soutenir vers le « four à chaux » la brigade Paturel, si rudement éprouvée.

Des batteries divisionnaires portées en avant allaient canonner avec vigueur Villiers et Cœuilly. C’était après tout une bataille bravement rétablie, si bien rétablie que les Allemands, rejetés sur les hauteurs, ne renouvelaient plus leurs tentatives. Leur infanterie cédait de toutes parts le terrain, lassée par l’opiniâtre résistance qu’elle avait rencontrée. Les Allemands continuaient toujours, il est vrai, un violent combat d’artillerie, et ne cessaient de couvrir de feu les pentes de Villiers, surtout du côté de la division de Bellemare. C’est là, vers trois heures, qu’un obus prussien allait atteindre et blesser mortellement le brillant Franchetti, le commandant des éclaireurs de la Seine, au moment où il exécutait un ordre du commandant en chef. Bien d’autres victimes tombaient à chaque instant. Impatienté de cette obstination meurtrière du canon prussien, le général Ducrot, pour en finir, faisait avancer six batteries de la réserve, qui ouvraient un feu formidable sur les hauteurs. En peu de temps, les batteries prussiennes commençaient à se taire. De