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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 106.djvu/286

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LES
CONQUÊTES GERMANIQUES

L’ECOLE ROMANISTE ET LA THEORIE DES RACES.

Il peut paraître singulier et peut-être assez humiliant qu’entre toutes les opinions humaines les opinions historiques soient particulièrement variables et chancelantes. Les vérités de l’ordre métaphysique sont placées si haut qu’on ne s’étonne pas qu’à les contempler l’intelligence des hommes puisse sa troubler et avoir à se reprendre ; mais il semblerait qu’en face des réalités de l’histoire, une fois acquises au domaine des souvenirs et du passé, le témoignage et le sentiment des contemporains, bientôt contrôlés, dussent suffire en se transmettant à travers les âges. Loin de là : ces réalités historiques, peut-être parce qu’elles sont après tout les œuvres de notre liberté essentiellement vivante, nous apparaissent comme douées d’une sorte de vie propre qui les transforme sans cesse, pendant que d’autre part la vue de chaque observateur se modifie suivant les sentimens et les idées de son temps. On ajoute, instruit ou ému par quelque ébranlement récent, aux observations des précédens historiens, ou bien on les réfute, ou bien on redit à son insu, en partie du moins, ce qu’ils avaient fait oublier : perpétuel travail de la pensée humaine sur les œuvres humaines, travail que nous ne devons pas après tout croire stérile, qui exerce, fortifie, et sert finalement au progrès de la vérité.

A combien d’opinions diverses et même contraires l’unique problème des origines et de la formation de la nation française n’a-t-il pas donné lieu? Les uns, saisis de respect à la vue des œuvres accomplies par l’antique Rome, n’ont pas voulu croire qu’elle eût pu