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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août 1873.

Cependant tout suivait paisiblement son cours. L’assemblée quittait à peine Versailles. À l’heure fixée, aux premiers jours d’août, l’occupation étrangère se repliait de nos villes et de nos campagnes, de Nancy et de Belfort, des revers, des seuls revers restés français de nos Vosges et des Ardennes ; elle se retirait pour un mois encore dans son dernier camp de Verdun. Les maires des villes et des villages délivrés s’empressaient d’adresser des dépêches à M. Thiers dans sa retraite ; ils y mettaient même une certaine affectation, car, en dehors de ce qu’on doit de reconnaissance au négociateur de la libération du territoire, il est toujours doux pour un maire de province de correspondre par le télégraphe avec un homme illustre, de voir le lendemain son nom dans le journal et de paraître narguer un peu le gouvernement existant. M. le président de la république s’en allait sans éclat et sans bruit à Calais ou à Tarbes pour assister à des expériences d’artillerie. M. Batbie, pour son coup d’essai de grand-maître de l’université, venait de présider au concours de la Sorbonne et de donner congé à cette vive, à cette aimable et bruyante jeunesse des lycées en lui prêchant le respect de la discipline, de l’autorité et du vers latin. On commençait à se laisser aller aux fascinations calmantes des vacances sans penser à rien, en se disant que pour sûr pendant ces trois mois rien n’arriverait. C’est alors qu’est survenu à l’improviste un événement à la fois naturel et inattendu, simple et extraordinaire, qui a ravivé soudain toutes les préoccupations et qui devait les raviver, qui a certainement dès aujourd’hui une importance politique de premier ordre, qui dans tous les cas et de toute façon crée une situation nouvelle en France. M. le comte de Paris, récemment parti pour Vienne, s’est rendu à Frohsdorf auprès de M. le comte de Chambord, réalisant de son propre mouvement, par une démarche directe et personnelle, cette fusion ou cette réconciliation dynastique dont on a parlé si souvent, et qui ressemblait jusqu’ici à un des