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tout ce travail, dont il reste le spectateur assez étonné. L’assemblée, elle, peut se trouver dans une situation plus délicate et plus grave, lorsque, réunie de nouveau à Versailles, elle se verra en présence d’une question dont on aurait tenté de préparer la solution, et qu’on serait obligé d’abandonner devant des impossibilités trop évidentes.

Que la république après cela puisse rester en définitive le gouvernement de la France, c’est assurément une des combinaisons qui peuvent avoir aujourd’hui le plus de chances. Elle a pour elle cette raison souveraine et si souvent décisive de la possession, elle existe. Les républicains, visiblement surpris au premier instant par l’entrevue de Frohsdorf, ont eu depuis ce moment la prudence de se taire, de s’abstenir de toutes ces manifestations violentes dont ils sont habituellement si prodigues. Le gouvernement, à la vérité, les a peut-être un peu aidés dans leur sagesse en leur interdisant les banquets, les réunions bruyantes, les célébrations d’anniversaires révolutionnaires, et il leur a positivement rendu service ; il a fait pour la république tout ce qu’on pouvait lui demander de mieux. Il est bien clair en effet que rien n’eût été plus opportun pour relever les affaires assez compromises de la monarchie qu’une nouvelle élection Barodet, une explosion soudaine de radicalisme. Or les élections qui vont avoir lieu d’ici à quelques jours, le 12 octobre, ne semblent pas devoir offrir ce caractère. S’il y a un fait à remarquer, c’est plutôt le peu d’animation électorale qui se manifeste. Le scrutin va s’ouvrir, non pas partout où il y a des vacances, mais là où le délai légal allait expirer, dans les Vosges, dans le Puy-de-Dôme, dans la Loire, dans la Haute-Garonne, et c’est à peine si les candidatures se dessinent. Que les élections puissent être d’une certaine couleur républicaine, surtout dans quelques départemens, c’est possible ; elles ont peu de chance d’être d’un radicalisme criant. Le radicalisme lui-même affecte un peu de s’effacer pour le moment. Il y a pourtant une fraction du parti qui tient à ne pas se laisser oublier et qui vient de se signaler par une de ces évolutions faites pour montrer que tout arrive. Oui, il y avait une chose qui semblait peut-être difficile, c’était un rapprochement entre le radicalisme et le bonapartisme, et c’est ce qui se réalise. Des radicaux ont offert tout récemment leur alliance au prince Napoléon, qui s’est hâté de l’accepter comme une manière de rentrer en scène. Voilà donc un nouveau parti, désavoué, il est vrai, d’un côté par les républicains, de l’autre par les bonapartistes, et destiné sans doute à rester le parti des excentriques.

Il ne faut parler que des choses sérieuses. Au milieu de cette situation du moment où les préoccupations monarchiques se croisent avec les méfiances républicaines et où les élections ne sont qu’un épisode peu significatif, le gouvernement a gardé jusqu’ici une réserve évidente. Il ne s’est laissé entraîner dans aucune démarche de nature à le compromettre, il a évité même toute parole propre à l’engager. Il semble