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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre 1873.

Certes dans cette histoire des peuples où se succèdent et se mêlent tant de péripéties, tant de crises diverses, il est peu de spectacles comparables à celui qu’offre la France en ce moment. Voilà trois ans déjà que la nation française a subi toutes les violences de la mauvaise fortune. Depuis la fin d’une guerre qui l’a si durement atteinte dans son orgueil, dans son intégrité comme dans son influence, elle a eu tout à faire. Elle a eu d’abord à se ressaisir elle-même, à se racheter d’une occupation étrangère par une rançon colossale, elle a eu des séditions à soumettre, des passions à désarmer, une certaine paix intérieure à reconquérir. C’était la première pensée qu’elle devait avoir au lendemain des catastrophes qui venaient de l’accabler, et cette pensée l’a soutenue depuis trois ans au milieu des difficultés de toute sorte qu’elle avait à vaincre, qu’elle a surmontées jusqu’à un certain point par sa sagesse aussi bien que par son courage. Maintenant ce sont d’autres épreuves et d’autres émotions. On veut en finir avec le provisoire, avec ce provisoire qui n’a pas été pourtant sans quelque efficacité, on veut donner un gouvernement définitif à la France ; mais quel sera ce gouvernement ? Sera-ce la république régularisée, organisée, dégagée de tous les périls d’instabilité et d’anarchie ? Reviendra-t-on au contraire à la royauté, à la vieille monarchie française représentée par un prince qui garde depuis quarante-trois ans dans l’exil le dépôt des traditions de la légitimité ? C’est là le problème né sans doute des événemens, du cours des choses contemporaines, peut-être aussi brusqué et aggravé par toutes les ardeurs, par toutes les impatiences des partis, qui en sont venus à créer une situation presque violente où un dénoûment ne peut plus se faire attendre.

Ce serait déjà beaucoup pour occuper, pour passionner l’opinion, et ce n’est pas tout encore d’en être à se demander ce qui se passe entre Versailles et Frohsdorf, entre la droite et le centre droit, entre les sec-