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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/223

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vignoble avait fourni 925 hectolitres de vin ; en 1868, la première année de l’invasion de l’insecte malfaisant, il n’en donne plus que 40 hectolitres ; en 1869 cette quantité est encore amoindrie : elle ne s’élève plus qu’à 35 hectolitres ; mais à l’automne les terres sont mises sous l’eau, et l’année suivante le produit remonte à 120 hectolitres pour atteindre le chiffre de 450 en 1871 et 1,000 environ en 1872. M. Faucon, profitant des moyens d’irrigation dont il pouvait disposer, a reconnu avec infiniment de sagacité les conditions du succès. Ne se bornant pas à défendre son bien, il n’a cessée avec une persévérance et une chaleur qu’on ne saurait trop louer, de faire des efforts pour déterminer les propriétaires de vignobles aisément submersibles à recourir, en l’absence d’un procédé plus simple ou moins dispendieux, à une pratique d’un effet certain.

Les naturalistes savent depuis longtemps combien les insectes en général résistent à l’immersion, surtout pendant la période d’inactivité ; l’agronome de Graveson a vérifié le fait sur les phylloxères. Il en a vu qui étaient restés treize jours sous l’eau revenir à l’existence ; une submersion de près d’un mois a paru indispensable pour que tous les individus périssent. Afin de s’assurer contre le retour à la vie de l’être malfaisant, il maintient les terres sous une nappe d’eau durant quarante ou cinquante jours. Les vignes, qui ne supporteraient pas en été une inondation quelque peu prolongée, n’ont pas souffert d’une submersion de trois mois en hiver. Aussi est-il sage de ne pas opérer avant le 15 octobre, M. Faucon a constaté que, dans la vigne la mieux purgée de phylloxères, des individus en petit nombre reparaissent pendant la saison chaude lorsque les terres du voisinage sont infestées. C’est un indice de la rapidité des progrès de l’insecte.

Un moment, l’année dernière, se répandait la nouvelle que la maladie de la vigne perdait de sa gravité ; la joie fut de courte durée. Bientôt il a fallu reconnaître que la situation des contrées vinicoles du midi de la France s’aggravait. La fin de l’automne et le commencement de l’hiver avaient été signalés par une abondance de pluie extraordinaire ; dans certaines localités s’était produit par une cause naturelle ce qu’on obtenait artificiellement au Mas de Fabre. Dans les terres argileuses, très compactes, l’eau avait longtemps séjourné beaucoup de phylloxères avaient péri, mais, ils n’étaient pas tous morts.

Le recours à l’inondation ne pouvait pas être jugé favorablement d’une manière générale. Des agriculteurs ont la crainte, sans doute peu justifiée, de voir la qualité des produits de la vigne s’affaiblir sous l’influence d’un bain renouvelé chaque hiver ; d’autres redoutent un lavage des terres qui forcera d’augmenter la masse des engrais. En outre les propriétaires de vignobles impossibles à