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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/358

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à la Prusse, nous le devons à l’Allemagne,… donc que notre devise soit : union et fidélité ! confiance en Dieu et dans un même esprit, l’antique et vénérable esprit prussien ! C’est ainsi que Dieu nous a souvent et puissamment aidés et qu’il nous aidera encore. Telle est ma ferme confiance. »


Belles paroles destinées seulement, on le dirait, à faire éclater d’une manière plus douloureuse le brusque dénoûment des négociations diplomatiques et l’humiliation suprême de la Prusse ! C’est le 21 novembre 1850 que ce discours avait été prononcé ; le 25, M. de Prokesch reçoit l’ordre de signifier à M. de Manteuffel que le gouvernement autrichien exige l’évacuation complète de la Hesse dans les vingt-quatre heures. Ce terme écoulé, si M. de Manteuffel refuse, M. de Prokesch demandera ses passeports. On a manqué dix fois déjà l’occasion de tirer l’épée de la Prusse ; manquera-t-on celle-ci encore ? Va-t-on-courber la tête ou accepter le défi ? M. de Manteuffel n’hésite pas ; il écrit au prince de Schwarzenberg pour lui demander avec instance une entrevue à Oderberg, sur la frontière des deux états, à moitié chemin entre Berlin et Vienne ; mais si le prince de Schwarzenberg ne se hâtait pas de répondre ? s’il lui plaisait de prolonger à dessein les anxiétés de la Prusse ? On connaît trop ses allures hautaines ; non, il ne faut pas attendre qu’il ait répondu. M. de Manteuffel, c’est l’avis du roi, va partir sans délai. Il ne s’arrêtera pas à la frontière, il ira jusqu’en Autriche, à Olmutz, et c’est là qu’il attendra le prince de Schwarzenberg. M. de Manteuffel écrit donc au ministre autrichien une nouvelle lettre qui annule la première ; il part, il va au-devant de lui, il faut absolument qu’il le voie, il attendra qu’il lui plaise de se rendre à Olmutz.

Le prince de Schwarzenberg n’eut garde d’y manquer. Cette attitude de suppliant accusait assez la détresse du gouvernement prussien ; après tant d’avantages que l’Autriche avait remportés depuis un an et demi, l’entrevue d’Olmutz promettait une victoire décisive. Ce fut le terme en effet de cette campagne diplomatique. L’épée de la Prusse, tirée avec tant d’éclat aux applaudissemens de la chambre et du pays, rentra humblement dans le fourreau. L’empereur dictait sa volonté à son vassal ; la Prusse s’engageait à évacuer la Hesse complètement, sans nulle réserve, à s’éloigner même des routes d’étapes, à laisser le terrain libre aux soldats autrichiens et bavarois ; en revanche, la Prusse et l’Autriche devaient inviter son altesse royale l’électeur Frédéric-Guillaume Ier à permettre qu’un bataillon prussien demeurât dans Cassel pour y maintenir l’ordre de concert avec les troupes fédérales. Un bataillon prussien dans Cassel ! voilà certes une éclatante victoire. Et que fera-t-il dans Cassel, ce bataillon admis par grâce ? Il aidera les troupes fédérales à maintenir