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qui remet au temps seul le soin de la guérison ? Comment croire que le gouvernement puisse répudier le patronage qu’il a toujours et si utilement accordé aux grands travaux publics, aux entreprises industrielles, à ce qui fait notre grandeur et notre richesse ?

Quoique cette seconde tâche présente d’autant plus de difficultés que la première était plus lourde, ces difficultés né sont point insurmontables ; quelques nouveaux efforts suffiront à les vaincre. L’essentiel est de se conformer, pour les obtenir, aux habitudes, aux tendances de l’esprit public. Les mœurs financières de la France se sont singulièrement modifiées et améliorées sous les dures leçons de l’expérience ; les notions de crédit, d’échange, de liberté commerciale, ont pénétré partout et justifié théoriquement le succès des faits accomplis. C’est surtout par l’usage du papier-monnaie et dans le recouvrement des nouveaux impôts que se révèlent ces habitudes dont il faut tenir compte pour trouver le moyen non-seulement de liquider les dépenses du passé, mais de préparer l’avenir.


I

Nous ne prétendons point faire l’énumération de ce qu’exigent la perte de nos frontières et la réorganisation de notre état militaire, ni dresser une liste. des entreprises d’utilité générale qu’il serait souhaitable d’aborder au plus tôt. En posant a priori la nécessité de ces dépenses à répartir sur un plus ou moins grand nombre d’années, nous nous demandons d’une manière sommaire s’il est un engagement de l’état dont l’exigence reculée puisse donner une ressource immédiate, s’il existe une source nouvelle de revenus à laquelle on doive largement puiser.

Le budget général de l’état, tel qu’il a été présenté pour l’année 1874, se divise en deux parts à peu près égales, les services généraux des ministères, le service de la dette. Sur la première partie, malgré toutes les économies de détail que l’examen le plus scrupuleux permettrait de réaliser, il est hors de doute qu’aucune réduction sérieuse ne laissera disponible un excédant de quelque valeur. S’il y avait quelques excédans à retrouver, le ministère de l’instruction publique seul en réclamerait à bon droit le bénéfice. Sur l’autre moitié du budget des dépenses, c’est-à-dire sur le service de la dette, aucune réduction non plus n’est possible. La dette consolidée n’en comporte pas ; il en est de même des intérêts à payer pour les dépôts, les rentes viagères, les cautionnemens, tout ce que l’on appelle la dette flottante non exigible. Quant à la partie exigible de cette dette, les bons du trésor par exemple, le service d’en pourrait diminuer que par une réduction du nombre des bons eux-mêmes opérée soit par l’initiative de l’état, soit par la difficulté de