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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/395

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les placer dans le public. Nous supportons aujourd’hui assez aisément une dette flottante d’environ 1 milliard ; s’il n’est pas question d’accroître ce chiffre suffisamment élevé, il l’est encore moins de le réduire de ce côté encore aucune dépense à différer ; reste l’amortissement. Celui qui figure au passif du budget actuel n’est pas cet amortissement normal dont nous avons depuis longues années perdu la mémoire ; et qui consiste à employer un excédant du revenu public en rachat à la Bourse de rentes perpétuelles au-dessous du pair. Nous n’avons plus d’excédant, hélas ! L’amortissement dont il s’agit ici n’est autre que le remboursement partiel d’un emprunt fait par le gouvernement à la Banque de France, lequel pouvait se lever au maximum de 1 milliard 530 millions et doit être remboursé par annuités de 200 millions. Sur cette partie seule du budget, la discussion a pu s’établir. Ce prêt, qui n’a coûté à la Banque que la peine de faire imprimer des billets, et pour lequel l’état ne paie qu’un intérêt de 1 pour 100 depuis le 1er janvier 1872, au lieu de 6, 5 et 3 pour 100, taux antérieurs, pourrait, selon quelques financiers et d’après l’avis même du journal anglais l’Economist, être prorogé et les 200 millions affectés au remboursement trouveraient un emploi plus utile et plus urgent. Cette année même, comme on le fait remarquer, l’amortissement n’est que fictif, puisque pour parfaire le paiement de l’indemnité allemande, le trésor a dû demander à la Banque une nouvelle avance de 200 millions en numéraire, sur lesquels il n’en a réclamé, il est vrai, que 150 ; rembourser 200 millions cette année et en reprendre autant, c’est simplement proroger le prêt d’une année. Mais dans le courant de 1874 les 150 millions reçus en argent seront restitués en quelques mois et l’amortissement de 200 millions n’en aura pas moins été opéré, de sorte qu’au 1er janvier prochain la dette principale du trésor, remboursable par annuités, ne s’élèvera plus qu’à 1 milliard 230 millions. Or, disent les partisans de la prorogation de l’amortissement, pourquoi donner annuellement à la Banque, qui n’en a pas besoin, 200 millions que l’on peut dépenser d’une manière plus avantageuse ? Sur cette créance, qui ne lui a rien coûté, la Banque de France touche des intérêts qui grossissent son dividende. Si on la lui rembourse par à-comptes annuels, on lui versera ou du numéraire pris dans la réserve métallique du pays ou des billets retirés de la circulation et qui sont nécessaires aux échanges. Qui vaudrait mieux ou racheter de la rente au-dessous du pair ; laquelle paie un intérêt six fois plus élevé, ou diminuer doutant les sommes à demander à l’impôt, ou combler en proportion les vides du budget, ou subventionner par exemple les chemins de fer qui formeront ce que l’on appelle déjà le quatrième et le cinquième réseau !

Ce raisonnement, plus spécieux que solide, a soulevé des