Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/687

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

damment pourvu, et on peut considérer la matière comme épuisée. Qui n’a maintenant une idée de cette vaste rotonde dont les ailes formaient comme par tranches un certain nombre de galeries, portant chacune inscrit sur le frontispice le nom d’une nation, et venant toutes aboutir sur un péristyle commun, les états allemands d’un côté, les états non allemands de l’autre? Des galeries transversales, coupant les premières à angles droits, fournissaient un supplément d’espace aux exposans qui en manquaient. Dans ces conditions, la comparaison entre nations pouvait s’établir d’un coup d’œil; il n’en était pas de même de la comparaison des produits, pour lesquels on n’avait pas conservé d’ordre régulier ni de classement par analogie, ce qui en troublait l’étude et le rapprochement; mais en somme le spectacle était beau, et la promenade à travers ces richesses, si longue qu’elle fût, gardait jusqu’au bout un attrait plein de variété. Dans l’itinéraire à suivre, la rotonde était le point de départ ou le point d’arrivée; on y préparait ou on y complétait les impressions. Animée par un bassin, garnie d’un choix de produits, elle était en outre la meilleure pièce d’architecture du monument; le dôme, la galerie circulaire, s’emparaient du regard, et dans le centre régnait un cirque garni de fleurs rares où on accédait par un escalier de quelques degrés.

La rotonde offrait un autre genre d’émotions; elle donnait accès sur le dôme aux curieux qui se sentaient du goût pour ces ascensions, La partie en valait vraiment la peine, et ne présentait pas l’ombre d’un danger. Sur l’un des côtés de la rotonde avait été installé un de ces appareils qu’on rencontre dans beaucoup de nos ateliers de fabrique, et que l’on nomme un ascenseur; c’est une sorte de cage qui, au moyen de contre-poids, quelquefois d’un peu de vapeur, monte et descend dans un espace qui lui a été ménagé. Une quinzaine de visiteurs peuvent être enlevés à la fois et portés en quelques secondes à plus de cent pieds de hauteur. Là on débarque sur le balcon circulaire qui règne dans l’intérieur du monument : c’est le moindre spectacle, seulement l’œil y plonge sur les étalages de la rotonde qui, vus de si haut, ressemblent à des miniatures, et sur la foule presque microscopique qui s’agite en bas; mais à l’extérieur les sensations grandissent, et pour en jouir c’est sur le toit même du dôme qu’il faut monter. En en gravissant les rampes, on arrive à une première galerie extérieure, puis par quelques degrés plus raides au belvédère supérieur. De ce sommet, quand le temps s’y prête, la vue s’étend sur un horizon presque sans limite. Ce n’est plus Vienne que l’on a sous les yeux : la ville disparaît pour ainsi dire dans l’immensité; à peine voit-on émerger de la masse confuse le clocher de Saint-Étienne, qui ne se laisse