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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 108.djvu/873

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L’insurrection pendant ce temps s’était propagée sur tout le littoral. Le 14 août, une flottille sous les ordres du commodore Commerell, montant le Battlesnake, vint faire des sondages à l’embouchure du Prah, qui se jette dans la mer au nord-est de la ville de Chama. On voulait essayer de le remonter à l’aide de légères embarcations pour y faire plus tard une diversion qui eût masqué une plus sérieuse attaque sur un autre point. Avant de s’engager dans le fleuve, on jugea nécessaire de faire occuper le petit fort de Chama par 10 hommes de la milice indigène. Les travaux de sondage commencèrent; mais à peine la flottille était-elle hors de vue que les habitans de Chama, secondés par les Achantis, attaquaient la petite garnison laissée en arrière; à hommes furent tués, 6 parvinrent à s’échapper. Pendant ce temps, un chef indigène vint conseiller au commodore Commerell de ne point quitter la rive gauche, les Achantis, disait-il, s’étant établis sur la rive opposée. Son conseil fut suivi, mais au moment où l’on doublait un coude que fait la rivière, une forte troupe d’ennemis, cachée au milieu des fourrés qui bordent le Prah, ouvrit sur la flottille un feu meurtrier. Au premier pansement qui fut fait, on s’aperçut qu’en guise de balles les rebelles employaient des cailloux et du plomb haché. Le commodore, deux capitaines, plusieurs matelots furent blessés. Dans le désordre d’une attaque si violente, une embarcation chavira, l’équipage fut sauvé à l’exception d’un matelot. Des nègres se jetèrent aussitôt à la nage pour s’emparer du malheureux qui se noyait; ils le traînèrent sur le rivage et lui coupèrent la tête. Saisissant par les cheveux leur sanglant trophée, ils ne cessèrent de l’agiter tant que l’expédition fut en vue aux yeux des Anglais saisis d’horreur. La flottille battit en retraite, et le Battlesnake, qui était resté en raison des difficultés qu’offrait le passage de la barre à l’embouchure du fleuve, bombarda aussitôt la ville de Chama et la réduisit en cendres à l’aide de fusées. — Le 18 août, l’Argus et le Barracouta furent aussi envoyés du Cape-Coast-Castle à Tacorady, afin de bombarder la ville et les villages voisins. Cette opération terminée, le lieutenant Young de l’Argus se concerta avec le capitaine Freemantle du Barracouta pour opérer un débarquement en armes mal- gré la défense du commodore Commerell. Après avoir dispersé les canots des indigènes par un feu nourri, le lieutenant Young, à la tête de quelques embarcations, aborda sur la côte. A peine débarquée, sa troupe fut assaillie par de nombreux Achantis qui s’étaient cachés dans les jungles. Le lieutenant et 11 matelots furent blessés; ce ne fut qu’à grand’peine qu’ils purent rejoindre leurs navires.

Ces deux tentatives malheureuses mirent le comble à la jactance des Achantis, et les Anglais perdirent aussitôt sur toute la côte de