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LA
FORTUNE DE PARIS

Dans les études qui précèdent celle-ci, nous avons essayé de faire comprendre le mécanisme des organes à l’aide desquels fonctionne le grand corps de Paris. Nous avons limité le champ de nos investigations aux services publics qui relèvent directement de la municipalité ou de l’état, et nous avons rejeté avec soin hors de notre cadre tout ce qui était administration particulière, ne voulant sous aucun prétexte avoir à nous prononcer sur la valeur des exploitations privées qui, tout en servant l’intérêt général, n’ont été établies qu’en vue d’intérêts personnels. C’est l’historique des administrations abstraites, pour ainsi dire, que nous avons cherché à retracer, de celles qui, agissant en vertu d’un but supérieur, ont pour mission de subvenir aux besoins moraux, intellectuels et physiques de 2 millions d’hommes. On a pu voir que Paris ne manque pas à sa tâche, que chaque jour il s’efforce d’améliorer, sous toutes les formes, les conditions qui assurent l’existence de son peuple. Une telle œuvre, si compliquée, si multiple, si énorme, dont les exigences s’accentuent et se renouvellent sans cesse, nécessite de lourdes dépenses, et implique des ressources inépuisables. Paris a-t-il donc une fortune qui lui permette de rémunérer les agens qu’il emploie et de donner l’impulsion à tous ses engrenages administratifs ? Non, Paris est pauvre, et il mourrait de faim, s’il ne s’assurait l’argent qui lui est indispensable en le demandant au peuple même qu’il a charge de surveiller et de secourir. Ce qu’il lui prend d’une main, il le lui rend de l’autre ; les centimes qu’il reçoit de l’homme individuel deviennent les millions dont profite l’homme collectif ; c’est peut-être parce qu’il entre beaucoup de bétail aux abattoirs que nous avons un excellent système hospitalier.