cédé sont généralement plus grossiers que les autres ; les traces qu’ils portent sont peu parallèles et fort inégales, témoignant de l’imperfection de l’appareil ou de l’inexpérience de l’ouvrier. Au contraire les vases et les autres poteries modelées à la main, puis polies avec le lissoir, sont quelquefois d’une forme très élégante et d’une fabrication soignée. On pourrait donc désigner la quadruple période des antiquités préhistoriques d’Hissarlik par le nom de période de la poterie lissée, car, lorsque l’usage du tour se fut répandu et que l’on connut l’art de choisir l’argile ou de l’affiner par le décantement, on cessa de fabriquer les vases suivant l’ancien procédé. Les plus antiques poteries helléniques sont faites au tour.
L’ornementation des terres cuites d’Hissarlik est aussi très rudimentaire. On n’y trouve aucune peinture. À la vérité, la couche inférieure a fourni un petit fragment de vase très fin, fait au tour et peint de lignes ondulées et de cancelli comme les beaux vases archaïques du sud de la Méditerranée ; mais c’est évidemment un morceau étranger, qui a pu glisser dans les profondeurs du sol et sur lequel on ne saurait fonder aucune théorie. Les ornemens de la poterie locale sont gravés dans la pâte molle et le plus souvent remplis d’une argile blanche qui les faisait ressortir. Sans compter les figures symboliques dont je parlerai tout à l’heure, ce sont presque toujours des lignes sinueuses ou des zigzags réunis en faisceaux comme des rubans ou divergens comme les sillons de la foudre. Au fond de quelques assiettes, on voit cependant une grande croix peinte avec de l’argile blanchâtre et grossièrement exécutée. Le procédé favori pour l’embellissement d’un vase consistait, lorsqu’il était à moitié sec, à le plonger dans un lait d’argile rouge, qui, une fois lissée, faisait corps avec la pâte et donnait à la terre un aspect brillant. La collection offre un grand nombre de ces vases de couleur rouge, dont l’éclat est aussi vif que le jour où ils ont été faits.
Essayons maintenant de donner quelque idée de la forme des vases d’Hissarlik, forme étroitement liée avec l’usage auquel ils étaient destinés. Je ne dirai presque rien des grands vases contenant plusieurs hectolitres, à fond étroit ou pointu et que l’on mettait en terre pour y garder l’eau, l’huile, le vin, le blé même et d’autres alimens. Les mieux conservés ont été envoyés par M. Schliemann à Constantinople, où ils sont, dit-on, fort négligés ; quelques-uns font partie de son musée troyen. On peut diviser les autres en plusieurs séries : vases à porter les liquides ou à boire, vases à cuire les alimens, vases à manger et vases d’agrément ou d’un usage indéterminé. Toutes ces séries sont d’une abondance extrême et offrent les formes les plus variées : on comprend qu’il est impossible de les