peu partout aujourd’hui ? C’est le besoin de sortir de cette ambiguïté persistante où l’on voit sans cesse renaître les doutes, les incertitudes sur des questions qu’on pouvait croire résolues, où l’on est réduit à cherche une lueur de vérité à travers des confusions toujours nouvelles. On n’éprouve certes aucun désir de harceler le gouvernement d’une opposition chagrine et systématique ; on lui demande simplement d’avouer sa pensée assez haut pour qu’elle puisse défier toutes les contradictions ; on lui demande d’être de son propre avis, de soutenir contre tous ce qu’il a créé lui-même, et, s’il a des alliés compromettans, de leur dire sans hésiter qu’ils se trompent, que le pays est fatigué d’indécisions, de nuages et de réticences, qu’il n’a pas trop de tout son temps et de toutes ses forces pour s’occuper de ses affaires les plus sérieuses sous le régime qu’on lui a donné et qu’on lui dispute.
Le mal de la situation présente en effet, c’est cette ambiguïté qui s’étend fatalement à tout, qui refoule en quelque sorte la confiance publique à mesure qu’elle cherche à renaître. Comment n’en serait-il pas ainsi lorsque le gouvernement lui-même est réduit à se livrer aux plus savans calculs de langage, à se rectifier ou à se voir contredit dans l’affirmation la plus simple de son existence et de son caractère ? On ne manque point, il est vrai, de déclarer, toutes les fois qu’on le peut, que le septennat est une chose sérieuse, qu’il doit être respecté et placé au-dessus de toutes les contestations. M. le vice-président du conseil l’a dit dans sa circulaire sur les maires ; le ministre du commerce, M. Desseilligny, l’a répété l’autre jour dans un discours du meilleur ton devant des agriculteurs réunis à Nevers. Ce n’est pas tout, M. le président de la république lui-même, dans une récente visite au tribunal de commerce de Paris, a voulu doubler l’autorité de ces manifestations par une sorte d’intervention personnelle, par sa propre parole. Répondant à un discours du président du tribunal consulaire qui venait de lui exposer le pénible état, les inquiétudes de l’industrie parisienne, M. le maréchal de Mac-Mahon s’est fait un devoir de rassurer les esprits, de rouvrir au travail des perspectives de sécurité, en disant qu’il aurait compris il y a quelques mois les craintes sur la stabilité du gouvernement, qu’il ne les comprenait plus aujourd’hui. « Le 19 novembre, a-t-il ajouté, l’assemblée nationale m’a remis le pouvoir pour sept ans. Mon premier devoir est de veiller à l’exécution de cette décision souveraine. Soyez donc sans inquiétude. Pendant sept ans, je saurai faire respecter de tous l’ordre de choses légalement établi. »
Certes rien n’est plus simple et plus clair, rien n’est aussi plus politique que cette affirmation d’un gouvernement s’imposant au respect « de tous. » Eh bien ! non, on s’est trompé, au dire des journaux de la droite ; cela ne signifie nullement ce qu’on aurait pensé. M. le président de la république est allé au tribunal de commerce de Paris unique-