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litiques et financiers dans son discours de Buckingham ; il s’est occupé surtout d’une question certes des plus graves pour l’Angleterre, de la famine qui s’est abattue sur l’Inde et des devoirs qui en résultent pour le gouvernement.

Quel rôle ont joué dans ces élections les considérations de politique extérieure, et quelle influence le résultat exercera-t-il sur l’action de l’Angleterre dans le monde, surtout en Europe ? En apparence, ces questions ont été à peu près laissées de côté dans la lutte. La guerre contre les Achantis, qui d’ailleurs semble avoir l’issue la plus favorable, ne peut compter sérieusement malgré les cours de géographie qui ont été faite sur le détroit de Malacca. Si l’on n’a rien dit de la politique extérieure, on ne peut douter cependant que les Anglais n’aient sur le cœur le rôle effacé que M. Gladstone a fait à l’Angleterre depuis cinq ans, l’abrogation du traité de 1856 sur la Mer-Noire, l’affaire de l’Alabama avec les États-Unis. C’est là ce que ne peuvent compenser tous les excédans financiers, ce que supporte difficilement la fierté d’une nation qui a eu si souvent une action prépondérante sur le continent et qui se trouve aujourd’hui à peu près en dehors de toutes les questions d’intérêt européen ; mais les Anglais sont un peuple très politique : ils ne renversent guère un cabinet sur des questions extérieures. Les déboires que l’Angleterre a dévorés depuis quelques années comptent sans doute pour une bonne part dans l’échec de M. Gladstone ; ils n’ont point été le prétexte ostensible du vote qui vient d’atteindre le cabinet libéral. Il est bien certain que sous ce rapport M. Gladstone laisse un héritage peu brillant à ses successeurs. Le ministère conservateur qui va se former se décidera-t-il à suivre une politique moins effacée ? Cherchera-t-il à renouer dans une certaine mesure les traditions anglaises ? C’est là une question dont la solution dépend sans doute de bien des circonstances de bien des événemens qui peuvent se produire en Europe, et d’abord de l’existence même de ce ministère qui en est encore à se constituer.

ch. de mazade.


ESSAIS ET NOTICES.

Jean, sire de Joinville, texte original accompagné d’une traduction par M. Natalis de Wailly, membre de l’Institut. Paris, 1873. Firmin Didot.

Depuis longtemps, W. de Wailly paraît avoir fait son domaine propre de l’histoire du sire de Joinville. Il en a publié en quelques années plusieurs éditions, successives qu’il a rendues à chaque fois plus par-