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qui les accompagnent, nous permettent de reconnaître d’abord le caractère général du temple. Si nombreux qu’ils soient, la disposition en est uniforme. Le roi y est toujours figuré seul, face à face avec la divinité; il lui présente une offrande et en sollicite une faveur, toujours accordée. Le prêtre n’y paraît jamais; c’est le roi qui fait tout; offrandes et prières viennent de lui, tous les biens, toutes les grâces divines s’adressent à lui. Cependant le temple a été construit à frais communs par les habitans du nôme et de la métropole; mais ils n’y étaient jamais introduits; bien plus, l’édifice religieux était absolument caché aux habitans de Tentyris par les quatre grands murs de l’enceinte, plus élevés que les terrasses du temple. Les prêtres ne sont pas, comme on l’avait pensé, les intermédiaires entre le peuple et la divinité. Il n’y a ni oracles ni divinations, ni sacrifices, il n’y a que des offrandes, et c’est le roi qui les fait. En Égypte, comme on voit, les souverains n’étaient pas seulement les dépositaires de l’autorité et les représentans de la nation; ils étaient les « fils bien-aimés » de la divinité, et c’est à ce titre qu’ils pouvaient la voir et converser avec elle dans le silence et la retraite du sanctuaire. Le temple est donc autant un hommage rendu à la majesté royale qu’un témoignage d’adoration de la puissance divine. Une des choses qui frappent le plus le visiteur à Dendérah, c’est l’obscurité profonde qui règne dans les salles intérieures. Dans le sanctuaire, cette obscurité est complète. Ces ténèbres étaient propices aux entretiens secrets du roi avec le dieu; mais l’exclusion absolue du prêtre de tout rapport direct avec la divinité n’empêche pas le sacerdoce d’avoir été nombreux et puissant. On voit dans les textes qu’il avait le soin des processions et de leurs apprêts, qu’il était chargé d’oindre les statues, de les habiller, de les promener, d’immoler les victimes offertes et d’entretenir le temple.

Hathor était la divinité principale de Dendérah, mais un certain nombre d’autres dieux prenaient place à côté d’elle sans rompre l’unité divine. Ces dieux, sortes de parèdres, d’acolytes, s’absorbaient dans Hathor, qui demeurait toujours la divinité unique. Parmi les parèdres de Dendérah, Osiris occupe une place si importante et il complète si bien les idées représentées par Hathor, qu’on lui a élevé sur les terrasses supérieures un monument spécial, qui formé le complément du grand temple.

Il faut distinguer dans le grand temple l’intérieur et les cryptes. L’intérieur se divise en deux sections : l’une réservée au culte, l’autre au dogme. Les chambres réservées au culte ont toutes une destination spéciale. Le pronaos est le passage commun. La grande porte ne s’ouvre que pour le roi, les portes latérales pour les prêtres, qui se réunissent dans la chambre où se forment les processions ; d’autres chambres renferment les barques symboliques que