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Tout ce qui est essentiel y figure. Bien des règlemens sont intervenus depuis lors; ils ont été plus explicites, sont entrés dans de plus minutieux détails; ils n’ont pas mieux tranché les grandes questions de principes.

Pour assurer le bon armement des vaisseaux du roi, la première chose à faire était de déterminer la composition normale des équipages. Richelieu voulut que nos vaisseaux « fussent toujours garnis d’un nombre suffisant d’officiers, de matelots et de gens de guerre dont le courage et l’expérience fissent espérer dans les occasions de bons succès. » La même préoccupation a motivé de nos jours l’ordonnance de 1827 et plus tard le décret de 1856. On n’a pas seulement tenu à mettre un nombre de bras suffisant à bord de nos vaisseaux; on s’est proposé en même temps d’y réunir toutes les aptitudes qu’exige la nature complexe de notre service. Quelque prévoyans que nous ayons été à ce sujet, nous n’avons fait que marcher sur les traces des auteurs du règlement de 1634. Suivant les propositions que la conférence de Brouage fit agréer au cardinal, il devait y avoir sur chacun des grands bâtimens de la flotte 32 officiers mariniers. Il semble que ce nom d’officiers mariniers soit venu aux hommes spéciaux dont il marquait la fonction subalterne de l’obligation qui leur était imposée d’être avant tout marins, tandis que les officiers proprement dits, — le capitaine, le lieutenant, l’enseigne, — pouvaient à la rigueur se dispenser de l’être. Cette disposition était sur nos vaisseaux, aussi bien d’ailleurs que sur les vaisseaux anglais, où elle persista plus longtemps, un reste des usages et des mœurs militaires d’une autre époque. Au moyen âge, les chevaliers s’embarquaient pour combattre; ils ne songeaient pas à s’occuper de la manœuvre; ce soin était laissé « à de petites gens » qui en faisaient, dès l’enfance, l’objet de leurs études. Il y avait des officiers mariniers pour les diverses branches et pour tous les détails du service : 1 maître, 2 contre-maîtres, 4 quartiers-maîtres, 2 maîtres de misaine ou esquimans, 3 pilotes, 1 maître-canonnier, assisté de 3 compagnons, 1 maître-valet et 1 cuisinier ayant chacun leur aide, 2 calfats et 2 charpentiers, 1 trainier ou faiseur de voiles, 1 tonnelier, 3 caporaux, 1 dessaleur et 1 prévôt.

Les fonctions de ces bas officiers étaient beaucoup moins humbles que les noms par lesquels on les désignait ne sembleraient l’indiquer. Le maître avait la charge du gréement et le commandement de la manœuvre. Il ne connaissait de supérieurs que le capitaine de son lieutenant, d’égaux que le maître-valet et le maître-canonnier. C’était lui qui faisait « appareiller les voiles et mouiller les ancres. » Tous les matelots devaient être « attentifs à ses ordres. » Il les instruisait « doucement » et leur apprenait à observer le silence. Nul avant le combat n’avait une plus minutieuse inspection à passer,