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formées d’Allemands, renferment la partie de la population la plus aisée et la plus laborieuse, comme les Szeklers la plus belliqueuse, et les Valaques la plus patiente aux travaux d’ordre inférieur. Les domaines de la Staats-Bahn, qui s’étendent sur 130,000 hectares, contiennent deux groupes d’exploitation de houille, à Steyerdorf et à Reschitza, reliés l’un et l’autre par des embranchemens à la ligne de fer de Vienne à Bazias, et qui en 1872 ont produit 230,000 tonnes de charbon, la moitié moins que les mines de houille de Bohême, qui appartiennent aussi à la société. Les mines de fer se partagent en six groupes et ont produit 80,000 tonnes de minerai. Les usines métalliques ont dans la même année livré du cuivre, du plomb, de l’acide sulfurique, et les usines de fer des quantités considérables de fonte, de rails d’acier Bessemer; la fabrique de machines de Reschitza joue pour les lignes nouvelles de Hongrie le rôle que la fabrique de Vienne remplit pour satisfaire aux besoins du réseau principal. Enfin, dans les forêts, la production de bois s’est élevée à près de 600,000 mètres cubes. Des moulins à vapeur ont été établis à côté des moulins à turbine; la société produit jusqu’à du ciment et de la chaux. Le revenu net de ces mines, usines et domaines dépasse aujourd’hui de beaucoup l’intérêt du capital de 30 millions, pour lequel était estimée cette part de propriété. Si l’on note que la société a toujours appliqué une grande partie des recettes à augmenter les travaux de construction et l’outillage, si on se rend compte du développement agricole et industriel que réserve l’avenir, et surtout si on remarque qu’au contraire des concessions de chemins de fer, destinées à faire retour à l’état, la propriété de, ces mines et de ces domaines est perpétuelle, il sera facile de se faire une idée du caractère tout particulier des-actions ce la Staats-Bahn et de leur valeur intrinsèque.

Lorsque la domination turque cessa dans cette portion de l’ancienne Dacie et que les Hongrois reprirent possession d’un territoire qui avait appartenu à la couronne de saint Etienne, il fallut régler le sort des populations et l’état de la propriété. C’est par la loi appelée Urbarium du Banat que Marie-Thérèse constitua le domaine aujourd’hui dévolu à la Société autrichienne. Les forêts, les mines appartinrent à l’état et formèrent une seigneurie; les habitans reçurent chacun un lot de terre passible de corvées ou de rentes; après le partage fait, les terres restant-libres devinrent encore l’apanage du seigneur. Pour délimiter toutes ces propriétés, un cadastre fut nécessaire. Quand l’abolition des corvées et des droits féodaux substitua l’impôt territorial par classe de terres au cens, le travail de classement dut être poursuivi avec plus de rigueur; il n’a pris fin qu’en 1858. Le livre foncier a été rédigé contradictoirement avec les propriétaires, l’impôt, qui en était le but principal,