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se perçoit d’après des documens certains. La Compagnie autrichienne, qui possède aujourd’hui ces 130,000 hectares de forêts et de domaines au même titre que les habitans des villages les 100,000 hectares de leurs territoires, n’a conservé des anciens droits seigneuriaux que celui de débit de vin, de mouture, de marché, de brasserie, d’exploitation de charbon, enfin le droit de collation sur certaines églises catholiques romaines et catholiques grecques. Le droit de chasse lui appartient en vertu de la loi de 1872, comme à tout propriétaire dont le bien forme un tenant de 100 jochs (57 hectares) et qui peut en user lui-même ou le louer. Les forêts de la compagnie, qui se composent de deux grands tenans, — l’un à l’ouest, dans les plaines et sur des collines où les taillis prédominent, l’autre, le plus grand, à l’est, sur le versant des montagnes où les hautes futaies sont aménagées de quatre-vingts à cent ans, — offraient aux exploits cynégétiques des seigneurs un vaste théâtre. Sous l’administration de l’état, le gibier nuisible avait prospéré au point de devenir un danger pour le paysan. Il n’en est pas de même aujourd’hui; de fortes sommes sont accordées pour la destruction des ours, des loups, des chats sauvages; on a multiplié les chevreuils, les lièvres, etc. Dans le compte-rendu de l’administration des domaines pour 1872, on trouve mentionnées comme existantes 81 bêtes noires, 119 gelinottes, et 195 perdrix seulement; par contre on ne compte plus que 2 ours, 20 aigles et éperviers, 55 martres et 5 loutres. La société a enregistré comme dépenses de chasse 881 florins et comme recettes 972, dont 130 pour vente de fourrures.

C’est par d’autres résultats et par d’autres services que les nouveaux propriétaires des terres du Banat ont signalé leur gestion. Ces terres se divisent en trois parties dont les produits diffèrent, et sur chacune desquelles de grandes améliorations ont été introduites : la plaine, les collines, la montagne. La plaine ou pays bas à terre végétale est la continuation de la grande et fertile plaine du Danube, qui s’étend de la Basse-Autriche à travers la Hongrie jusqu’à la Valachie. Traversée par des rivières à pente faible et peu profondes, qui, après un cours lent et sinueux, vont se jeter dans le Danube, elle est inondée périodiquement. Un système de canalisation générale serait nécessaire pour la mettre en pleine valeur. Au pays bas se joint le pays ondulé, dont l’extrémité inférieure se prête à la culture des céréales, et dont la partie supérieure est occupée par des pâturages jusqu’à la région montagneuse des centres miniers. Le pays bas du Banat, dont l’altitude varie de 80 à 110 mètres au-dessus du niveau de la mer, jouit d’un des plus chauds climats de la monarchie autrichienne; l’été et la durée de la végétation sont longs, l’hiver court, doux et sans neige. La vigne, la pêche, y prospèrent. Dans les contrées des collines, le tiers environ se prête