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ARCHITECTES CONTEMPORAINS

VICTOR BALTARD.

M. Baltard, que la mort frappait il y a quelques semaines, n’était pas seulement, par le nombre et l’importance des monumens qu’il avait construits ou restaurés, un des représentans les plus en vue de notre école d’architecture. La part plus ou moins directe qu’il eut pendant bien des années à toutes les grandes entreprises de peinture, de sculpture, de gravure même, accomplies par l’ordre et aux frais de l’administration municipale, — l’influence souvent prépondérante qu’il exerça, comme directeur des travaux d’art de la ville de Paris, sur le développement ou l’emploi des talens contemporains, — la double autorité en un mot que lui donnaient ses propres œuvres et sa situation administrative, — tout semble le rendre jusqu’à un certain point responsable de ce qui a été fait de nos jours, et avec un succès inégal, pour l’embellissement de notre ville; tout tend à associer son nom au souvenir des tâches publiques imposées à notre école en dehors des commandes et du patronage de l’état.

Il ne faudrait pas pourtant s’exagérer si bien le rôle de M. Baltard dans les affaires de l’art contemporain qu’on se crût le droit d’expliquer en toute occasion, par cette action officielle d’un homme, les mérites ou les fautes d’autrui, qu’on en vînt par exemple à mettre au compte du directeur des travaux de la ville les belles peintures monumentales dues aux pinceaux d’Hippolyte Flandrin, de M. Alexandre Hesse, de M. Lenepveu, ou telles peintures médiocres dont les murs de nos églises ont été quelquefois revêtus. Ce qui est juste seulement, c’est de ne pas isoler des preuves personnelles faites par M. Baltard les œuvres produites à son instigation ou sous sa surveillance, et, tout en laissant une part principale