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Trochu le précéderait sur-le-champ comme gouverneur de Paris ; le maréchal de Mac-Mahon prendrait le commandement en chef de l’armée de Châlons, qu’il allait se hâter de réorganiser autant que possible, et il suivrait à son tour le mouvement sur Paris en manœuvrant selon les circonstances, selon ce qui se passerait du côté du maréchal Bazaine, sous les ordres duquel, par une combinaison bizarre de plus, il restait placé.

Si peu régulière que fût une décision si grave adoptée par un conseil improvisé, entre chefs militaires réunis par le hasard, elle était certainement la plus prudente, elle s’inspirait des circonstances, d’une vive et forte impression des choses ; mais on n’avait pas compté avec Paris, où les résolutions arrêtées le 17 au matin à Châlons, portées dès le soir par le général Trochu lui-même, produisaient l’effet d’un coup de théâtre ou d’un coup de foudre. Ni le retour de l’empereur, ni la nomination du général Trochu au poste de gouverneur de Paris, ni le rappel de l’armée, n’entraient évidemment dans les vues de la régence et du ministère. Depuis quelques jours, la régente agissait avec la plus persévérante vivacité pour détourner l’empereur de revenir ; « avez-vous réfléchi, lui disait-elle, à toutes les conséquences qu’amènerait votre rentrée à Paris sous le coup de deux revers ? » Le ministre de la guerre, de son côté, se hâtait d’écrire à l’empereur pour le « supplier de renoncer à une idée qui paraîtrait l’abandon de l’armée de Metz ; » il s’efforçait de démontrer que « l’armée de Châlons serait avant trois jours de