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LA
POESIE PHILOSOPHIQUE
DANS LES NOUVELLES ECOLES

UN POETE POSITIVISTE.


I

Il nous a paru digne d’intérêt de rechercher dans la poésie contemporaine le reflet des nouvelles idées qui traversent et agitent à l’heure présente la conscience de l’humanité. Le grand mouvement qui se poursuit si activement dans les hautes sphères de la science doit avoir son contre-coup ailleurs. Sous la pression ou la menace des événemens intellectuels qui se préparent, il n’est pas possible que les esprits demeurent en repos, et que la paix même des antiques croyances ne soit pas profondément troublée. Les nouvelles théories, diverses par les explications qu’elles proposent, unanimes par les négations qu’elles imposent, les systèmes qui généralisent si hardiment les résultats des sciences positives et les groupent sous certaines vues d’ensemble, se sont emparés de l’attention publique dans les régions où l’on pense ; on a eu bientôt fait d’en déduire les conséquences, d’en mesurer la portée, d’en déterminer l’influence pratique. De là dans les idées un grand ébranlement qui se propage et s’étend. Quelque chose de solennel s’annonce, comme à la veille des crises de l’esprit humain.