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Près de chaque consistoire est placé un secrétaire laïque dont les fonctions dans le conseil diocésain rappellent celles du haut-procureur près du saint-synode. Ce secrétaire est à la tête de la chancellerie éparchiale, chargée de la rédaction et de la correspondance. Nommé par le synode sur la présentation du haut-procureur, il reste sous la juridiction immédiate de ce dernier. C’est au procureur que le secrétaire adresse ses rapports, tandis que l’évêque et le consistoire envoient les leurs au synode. Ce fonctionnaire laïque, comme la plupart des employés des chancelleries ecclésiastiques, est d’ordinaire sorti d’une famille cléricale, car dans toute cette vaste administration le haut-procureur et ses principaux assistans sont à peu près les seuls qui par la naissance ne tiennent pas au clergé. L’influence du secrétaire et des chancelleries éparchiales sur la présentation des affaires, la nomination aux places, la décision des procès, a parfois, comme celle des chancelleries synodales, donné lieu à de regrettables abus et ouvert la porte à une corruption administrative dont la victime était le clergé. À ces défauts, on a, dans ces derniers temps, cherché divers remèdes ; on a tenu les secrétaires sous une surveillance plus exacte, on a parfois augmenté leur traitement, on a entrepris la réforme de la justice ecclésiastique. Toutes ces mesures ne touchent point aux bases de l’administration de l’église ; dans chaque diocèse comme dans le synode, on conserve l’espèce de dualité qui près des autorités ecclésiastiques place un fonctionnaire laïque, organisation qui, par certains côtés rappelle notre système judiciaire avec sa double et parallèle hiérarchie de juges et de procureurs. On modifie peu la centralisation, qui est dans les habitudes du gouvernement. Le saint-synode intervient dans l’administration du diocèse à peu près de la même manière qu’un ministre de l’intérieur dans celle d’une préfecture. L’évêque et son consistoire doivent sans cesse en référer au synode : pour toute chose de quelque importance, pour l’érection ou la suppression d’une église, pour l’emploi des fonds ou des aumônes, pour la déposition d’un prêtre ou le relèvement de ses vœux, il faut une autorisation synodale. Pour s’absenter plus de huit jours de son diocèse, l’évêque, astreint à la plus sévère résidence, a besoin d’un congé du synode. Chaque année, il est tenu de présenter un rapport sur l’état de son éparchie, sur les écoles, sur la réception des sacremens, sur les conversions faites parmi les cultes étrangers à l’orthodoxie, en particulier parmi les sectaires russes, les raskolniks.

Cette tutelle administrative et la bureaucratie qui en résulte s’expliquent surtout par les conditions particulières à la Russie et à l’église russe. L’immensité des distances a longtemps opposé de telles difficultés à tout recours contre les abus de l’autorité locale, que le gouvernement a, dans toutes les branches de l’administration, été